Zakia Rezig et sa soeur

Zakia Rezig est née à Vienne (Isère), en 1962, de parents algériens. Elle grandit en France et mène un parcours scolaire et professionnel sans difficultés particulières. C'est à l'adolescence qu'elle commence à s'interroger sur la trajectoire de ses parents à travers la guerre et la colonisation.

Zakia Rezig évoque avec émotion son parcours d'enfant algérienne en France, sa quête mémorielle, et sa perception du racisme au fil des années.

Rencontre avec Zahia Akardjoudje, préparée et filmée par des élèves de 1ère commerce du lycée Carrel (Lyon 3ème) durant l’année scolaire 2017-2018.

Biographie
Née à Vienne (Isère) en 1962, Zakia Rezig est la première d’une fratrie de huit enfants, à voir le jour en métropole, ses deux sœurs aînées étant nées en Algérie.
Son père, arrivé en France en 1954 pour y trouver du travail, est rejoint par sa femme et ses filles en 1958. Après la guerre, les immigré.es algérien.es peuvent choisir de garder leurs papiers français ou de les rendre et ses parents optent pour le second choix. Étant née juste avant les accords d’Evian, Zakia grandit en France avec la nationalité algérienne.
La famille vit d’abord dans un appartement très vétuste de Vienne, où Zakia naît. Puis, avec plusieurs familles immigrées, elle est logée dans une sorte d’îlot de petites maisons, sans aucun confort, dans le quartier de Leveau. Il n’y a pas d’eau courante. C’est là que Zakia situe la plupart de ses souvenirs d’enfance, dans un environnement multiculturel, mais avec le vif souvenir du racisme des institutrices, qui touche particulièrement ses sœurs aînées.
La famille déménage en 1968 à Villette-d’Anthon, petit village de l’Isère. Zakia s’estime chanceuse d’avoir grandi à la campagne, malgré un environnement social peu accueillant, mais en échappant à la relégation dans les périphéries urbaines, qui était le lot de nombre de familles immigrées à cette période. Elle garde un souvenir vif et heureux du contact avec la nature. Elle partage le quotidien de camarades d’école primaire aux origines diverses : outre les Français.es, des enfants de familles venues de Portugal, d’Espagne, d’Italie, du Maroc, ou encore de Tunisie. La famille s’agrandit et compte un fils et sept filles.
Elle gagne Lyon à partir de 1978-1980 pour y suivre des études de couture puis de stylisme et modélisme. Elle commence simultanément à fréquenter la librairie libertaire La Gryphe qui participe à son éducation politique et la sensibilise au sujet de la colonisation. Elle travaille actuellement, et ce depuis 1989, en tant que sellière-maroquinière dans une entreprise de haute-couture, après avoir exercé dans la tapisserie et la rénovation de sièges, la sellerie automobile de luxe et d’avions ou encore la décoration d’ameublement.
Elle estime que ses origines n’ont pas nuit à son développement personnel, qu’il s’agisse de ses recherches d’emploi ou encore de logement. Elle prend cependant conscience des conséquences de sa nationalité algérienne. En 1992, elle a le choc de se voir refuser un visa pour le Canada où elle doit rendre visite à sa sœur. C’est à ce moment là qu’elle choisit de faire une demande de naturalisation. Elle se sent aujourd’hui pleinement Française, tout en étant très attachée à ses racines algériennes.
Elle commence à se pencher sur l’histoire de ses parents à partir du moment où, au cours de son adolescence, ils évoquent la guerre avec leurs enfants. Lors de son premier voyage en Algérie en 1998, elle est submergée d’émotions dès son arrivée. Elle poursuit depuis une recherche personnelle sur le passé de sa famille et de l’Algérie. En compagnie de son père, autrefois membre du FLN, elle retourne régulièrement en petite Kabylie, dans le village familial de la région de Bouira, dans la maison construite par ses parents, interrogeant les mémoires des habitants. Elle a d’ailleurs constitué un ensemble d’archives filmées et photographiques, qu’elle souhaiterait un jour mettre en forme et partager. Elle est la seule, parmi ses frères et sœurs, à s’intéresser à cette histoire et à s’interroger sur le parcours de ses parents que, malgré ses années de recherche, elle n’arrive pas encore tout à fait à cerner.
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