Joseph Serer est né à Alger en mars 1922. Il grandit dans la banlieue d’Alger. Lors de la Seconde Guerre mondiale, il fait partie de l’armée de la Libération et en 1944, contribue à la libération de Lyon puis de Villefranche-sur-Saône. C’est à cette époque qu’il rencontre la famille Fuselier avec qui il noue des liens d’amitié. Il continue à correspondre avec eux lors de son retour en Algérie. Il devient instituteur à Alger et exerce jusqu’en 1962.
Le 8 mai 1962, les Fuselier lui envoient une lettre l’invitant, lui et toute sa famille, à venir en France où ils pourraient être accueillis dans leur résidence secondaire à Chazay d’Azergues. Les Serer quittent leur maison, leurs biens et partent alors pour la France. Joseph explique que grâce aux Fusellier, son intégration et celle de sa famille ont été facilitées contrairement à d’autres Pieds-noirs qui n’avaient aucun contact en métropole. Certains ont par exemple été hébergés dans le fort de la Duchère. Les Fuselier aident la famille Serer à obtenir un prêt et dès 1963, ces derniers ouvrent leur magasin de mercerie à la Duchère.
Un tiers des logements est réservé aux rapatriés.
Parallèlement, Joseph réintègre l’Éducation nationale. S’il ne veut plus être enseignant, il devient surveillant général, puis conseiller principal d’éducation, au nouveau collège de la Duchère. Il y exerce durant vingt années, jusqu’à sa retraite. Les Serer s’installent définitivement à la Duchère en 1965, lorsqu’ils achètent un appartement dans les immeubles nouvellement construits.
A cette époque, Joseph s’investit de plus en plus dans la vie associative du quartier. Dès 1963, il avait été contacté par Marcel Mars afin de créer un club sportif pour que les enfants du quartier aient une occupation. L’association est nommée ARS (Association des Rapatriés du Soleil),
mais au bout de quelques mois, convoqués à la préfecture, les responsables sont invités à abandonner ce nom jugé trop communautaire, dans une période encore marquée par les attentats de l’OAS. Le club devient l’Association Sportive de la Duchère.
A ses débuts, l’association manque d’argent et organise des bals, des fêtes et des ventes afin de financer ses activités. Elle se développe grâce au soutien de Louis Pradel qui fournit un bâtiment et qui, en 1965, fait construire le stade de la Sauvegarde. Ce quartier devient pour lui un vivier électoral de première importance.
Grâce à l’engagement de ses animateurs, à l’excellent niveau de ses joueurs venus d’Algérie, et à ses bonnes relations avec la mairie de Lyon, l’AS Duchère se développe rapidement, enchaînant les succès. Le quartier de la Duchère devient le centre nerveux de cette communauté qui prend pied à Lyon et tisse des liens étroits avec la municipalité.
Pour aller plus loin sur le sujet de l’intégration des Rapatriés d’Algérie à Lyon :
De pied ferme :
http://www.grandensemble.fr/catalogue/de-pied-ferme/