Biographie
Alain LARCHIER nait à Lyon en 1939. Élevé dans le protestantisme, ses convictions religieuses le poussent dès l’adolescence vers la non-violence. Évoluant dans un milieu étudiant politisé, il est par ailleurs informé des violences auxquelles participent les appelés en Algérie.
Opposé tant à cette guerre qu’à toute forme de violence, il se questionne sur l’attitude à adopter à l’issue du sursis qu’il a obtenu pour terminer ses études, à Grenoble. Incompris de ses proches, il prend contact avec l’Action Civique Non Violente (ACNV). En septembre 1961, il annonce « refuser de porter des armes par raison de conscience ». Au mois de novembre, il ne rejoint pas la caserne de la Part-Dieu, d’où il devait être acheminé vers le 18° Régiment de Chasseurs Parachutistes, à Pau. Déclaré insoumis, il est arrêté le 6 janvier à Grenoble. Cette arrestation est l’objet d’une mise en scène préméditée, destinée à alerter l’opinion : cinq camarades de l’ACNV se sont enchaînés avec lui à un arbre. Tous déclarent, par solidarité, s’appeler Alain Larchier. Dans le même temps, d’autres militants de l’ACNV distribuent des tracts. Les « faux Larchier » sont du reste inculpés d’outrage à magistrat, déférés et jugés.
Inculpé quant à lui « d’insoumission en temps de paix à la loi sur le recrutement de l’armée », l’état de guerre n’étant pas reconnu en Algérie, puis de « refus d’obéissance », Alain Larchier est renvoyé devant le Tribunal permanent des forces armées (TPFA) de Lyon qui jouxte la maison d’arrêt de Montluc où plusieurs insoumis sont emprisonnés. Il y entre le 9 février, après être passé par le camp de Sathonay. Durant sa détention, il lit énormément et tient un journal très détaillé. Malgré son avocat, Maître Bernardin, figure du Barreau lyonnais impliquée auprès de l’ACNV et de certains « porteurs de valises », les peines qui lui sont infligées s’élèvent à deux ans de prison. Libéré après la fin du conflit algérien, Alain Larchier achève son service militaire en tant que comptable. Amnistié en 1966, comme les autres insoumis et déserteurs, il devient par la suite technicien, puis ingénieur au CNRS. Il maintient aujourd’hui encore des liens avec ses camarades insoumis et objecteurs.