Biographie
Luce Mercier est née Lucette Laporte en 1945 dans la ferme de ses grands-parents, à 150 kilomètres d’Oran.
L’année de ses cinq ans, à l’occasion d’un déménagement à Béziers, elle découvre la métropole. Toute la famille retourne en Algérie en 1956, à Oran, les campagnes étant devenues peu sûres pour les Français.es d’Algérie .
Elle évoque son enfance et son adolescence algérienne avec une grande nostalgie pour les liens familiaux aujourd’hui distendus, les amitiés de jeunesse, une scolarité épanouie dans des classes où se mélangeaient les communautés. Mais elle se remémore aussi une fin de guerre au cours de laquelle la violence, banalisée, prend le pas sur tout le reste : Européen.nes ne sortant plus d’Oran, coups de feu, attentats à la grenade, massacres (on peut penser qu’il s’agit de ceux du 5 juillet 1962), assimilation de tous les Algérien.nes à un danger, déscolarisation des enfants.
Notons le regard volontairement dépolitisé qu’elle pose sur un conflit devenu « guerre civile » entre Français.es et Algérien.nes, sans que l’OAS, pourtant active à Oran, ne soit nommée, sans que la société coloniale ne soit évoquée.
L’arrivée de Luce et de sa famille en France, en 1962, nécessite une difficile adaptation et le renoncement à ses ambitions scolaires. Elle ne retourne en Algérie que dans les années 1970 pour rejoindre son mari expatrié. Ce retour est pour elle l’occasion d’une redécouverte du « pays de cœur » qu’elle avait été obligée de quitter précipitamment.
Son témoignage est un exemple de l’ancienneté de la présence de certains français en Algérie, comme le montre l’évocation du retour au cimetière sur les tombes de ses grands-parents. Tout aussi intéressante est l’évocation de la France où la brève installation à Béziers est marquée par une méconnaissance mutuelle entre Métropolitain.es et Français.es venu.es d’Algérie. La France présentée comme « patrie administrative » ce qui explique en partie les difficultés tant matérielle que morale de l’installation en France en 1962