Biographie
Michel Hanniet est né le 17 janvier 1941, il est appelé en 1961 au service militaire. Ancien élève de l’Ecole normale d’instituteurs de Beauvais, il est sensibilisé à la guerre d’Algérie par la lecture de la presse et les discussions entre élèves instituteurs. Son amitié avec un condisciple d’origine algérienne lui permet à la fois d’avoir conscience de ce que vivent les algériens en France et de connaître mieux l’Algérie. Lorsqu’il reçoit sa convocation militaire c’est donc un jeune homme très conscientisé, capable d’avoir une analyse de la situation « j’étais réaliste, il y avait une guerre, elle était irrévocable et absurde »
Michel Hanniet choisit l’insoumission après avoir été mis en contact avec le Mouvement d’action non -violente. Il décide de renvoyer sa convocation militaire accompagnée d’une lettre dans laquelle il expose ses motivations, il est déclaré insoumis par l’Institution militaire. Arrêté en septembre 1961 à Oullins, il est mis en quartier disciplinaire à la caserne de Sathonay-Camp. Il passe en jugement devant le Tribunal militaire à Lyon, défendu par Paul Bouchet, condamné à deux ans de prison pour refus d’obéissance et insoumission il est incarcéré à la prison Montluc à Lyon. Par la suite il est transféré dans les maisons d’arrêt de Chambéry, Fresnes et Rouen jusqu’à la fin de la guerre. Au bout de neuf mois, son incarcération prend fin à la suite de la grève de la faim du militant pacifiste Louis Lecoin. Michel Hanniet accepte de faire son service militaire à la condition que ce soit dans le service de santé, il est affecté à l’hôpital militaire de la Tronche près de Grenoble.
La réintégration dans l’éducation nationale suppose qu’il retrouve ses droits civiques, ce que permettent les lois d’amnistie en 1963.
Ce témoignage est un exemple de cas d’insoumission parmi les quelques douze mille qui ont dit « non à la guerre sans nom » comme l’écrit l’historien Tramor Quémeneur. Dans sa thèse, il relève ainsi d’un aspect important de la guerre d’indépendance algérienne dont il nous permet de saisir les étapes.D’abord celle de la construction des motivations par les lectures , les discussions qui aboutissent à une forme diffuse de politisation, la référence, certes imprécise, à une éducation religieuse et la contingence des rencontres. Puis la conscience claire des conséquences de l’insoumission pour soi et pour l’entourage. Enfin la phase du processus judiciaro-militaire : quartier disciplinaire d’une caserne, Tribunal militaire, incarcération à la prison Montluc, lois d’amnistie. Il permet aussi de découvrir le soutien apporté à ce type de réfractaires par les militants de différents mouvements dont celui de l’ACNV (Action Civique Non- Violente ) et le rôle d’un avocat appartenant au collectif des avocats lyonnais défendant des accusés déférés devant le Tribunal militaire.
Comme souvent, le témoignage oral permet de saisir les attitudes humaines, ici caractérisées par une solide construction personnelle qui conduit à évoquer la formation antérieure à la décision et à ses conséquences sur la suite du parcours de vie. Une accumulation de ce type de témoignages permet à l’historien de dresser une typologie des formes qu’a pu prendre le refus de participer à la guerre d’Algérie..