Le Progrès - 26 septembre 1959

Né en 1922, Pierre Cohendy s'engage dans la Résistance. Devenu avocat après la guerre, il approuve la cause de l'indépendance algérienne dont la lutte patriotique lui semble légitime, sans pour autant appartenir à un collectif. Il plaide à de multiples occasions pour des nationalistes algériens, dont certains sont condamnés à mort et guillotinés à la prison Montluc.

Pierre Cohendy témoigne des exécutions de ses clients algériens à la prison Montluc, à la fin de la guerre. Cinquante ans après les événements, son indignation reste intacte.

Biographie
Pierre Cohendy, né en 1922, s’engage dans la Résistance, ce qui lui vaut la Croix de Guerre et la Médaille de la Résistance. Devenu avocat après la guerre, éloigné du monde politique, il approuve cependant la cause de l’indépendance algérienne dont la lutte patriotique lui semble légitime, sans pour autant prendre parti pour l’un ou l’autre des mouvements nationalistes : il défend les membres du MNA comme ceux du FLN. Bien que se tenant à l’écart des mobilisations animées par ses confrères, choisi par ses clients ou commis d’office, il plaide à de multiples occasions pour des nationalistes algériens devant le tribunal correctionnel puis devant le TPFA en privilégiant un système de défense classique. Pour prouver son patriotisme à des magistrats militaires suspicieux, il a l’idée d’arborer ses médailles sur sa robe. L’un de ses clients  ayant été condamné à mort, il assiste à une double exécution dans la cour de la prison Montluc.

Archives

Avis de décès de Mohamed Benzouzou, premier des nationalistes algériens exécuté au Fort Montluc le 26 septembre 1959 (AMLyon)
Les exécutions d'Algériens, à la prison de Montluc, font d'abord l'objet d'une information réduite à quelques encarts dans les journaux locaux

32914 Coupures de presse

Mobilisations contre les exécutions de Melun

Au cours de l’été 1960, alors que les négociations de Melun entre le gouvernement français et le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) viennent d’échouer, le rythme des exécutions s’accélère en métropole : trois têtes de nationalistes tombent entre le 9 et le 27 juillet à Lyon,  Paris et Dijon. Cette accélération provoque une mobilisation animée, entre autres, par le Secours populaire dont L’Humanité est le principal relais dans la presse.
32914Pétition du Secours Populaire « Vie sauve pour les condamnés à mort algériens »

Le cas d'Abderrahmane Lakifi

Le cas d’ Abderrahmane Laklifi amplifie cette mobilisation. Jugé en janvier 1960 pour l’attaque du poste de police de Bellecour, Laklifi et trois de ses camarades sont condamnés à mort. Fin juillet, une « fuite » annonce l’exécution prochaine de Laklifi. Pour réclamer une mesure de clémence, une campagne de presse nationale et internationale est organisée où interviennent de nombreuses personnalités, de François Mauriac à Nikita Khrouchtchev. A Lyon, des pétitions signées par des personnalités « progressistes », parmi lesquelles de nombreux avocats, sont publiées pour réclamer une suspension des exécutions capitales. Ces protestations restent vaines : Laklifi est exécuté le samedi 30 juillet 1960.
32914 Articles du monde

Lettre de Denuelle adressée aux parents d'un supplicié le lendemain de son exécution

32914 Lettre Denuelle

Extraits du livre La guillotine

Extraits du livre La guillotine : couverture, Pages 4/ 5 à 8/9. Journal tenu par Moussa Lachtar, un condamné à mort algérien en 1960 à la prison Montluc. Ces extraits décrivent l’ambiance au sein de la prison, le comportement des gardiens envers les prisonniers et le quotidien de ceux-ci avant leur exécution.
32914 Extrait du livre