Zahia Akardjoudje est née en 1956 en Algérie, dans un quartier périphérique de Bougie, actuellement Bejaï. Son père, Algérien engagé dans l’armée française de 1939 à 1955, est rappelé à plusieurs reprises pendant la guerre d’indépendance algérienne. Pour elle, la guerre est un souvenir d’enfance extrêmement douloureux qui commence surtout en 1962 lorsque son père est arrêté et emprisonné et que la famille subit insultes et privations.

Zahia Akardjoudje nous livre son témoignage d'enfant algérienne marquée par la guerre d’indépendance tout en évoquant le dur destin de son père, ancien combattant engagé dans l'armée française.

Rencontre avec Zahia Akardjoudje, préparée et filmée par des élèves de 1ère commerce du lycée Carrel (Lyon 3
ème) durant l’année scolaire 2017-2018.

Biographie
Zahia Akardjoudje est née en 1956, en pleine guerre d’indépendance algérienne. Originaire de Bougie (actuellement Bejaïa), elle est l’aînée d’une fratrie de huit filles et un garçon. A partir de quatre ans, elle est scolarisée à l’école française.
De la guerre, elle se souvient des cris, des bruits d’hélicoptères, des routes barrées et des « règlements de compte »… En 1962, après l’indépendance, son père est arrêté et emprisonné. Elle se souvient des insultes qu’elle subit alors sans comprendre, de sa mère, angoissée par le manque de nourriture. Elle prend alors en charge le foyer, s’occupe de ses frères et sœurs, et particulièrement de sa dernière sœur qui vient de naître. Pendant plusieurs années, Zahia et sa famille n’ont quasiment aucune nouvelle de leur père et, sans revenus, doivent survivre grâce à la solidarité de la famille.
Après la guerre, Zahia fait des études de comptable et de sténo-dactylo en Algérie. Elle travaille en tant que secrétaire pendant quelques années. A 22 ans, elle vient en France pour  rejoindre son mari. Elle arrive à Vaulx-en-Velin. Sans papiers pendant un temps, elle souffre de la rupture de ses liens familiaux et de son isolement. Elle décide, quelques années plus tard, au contact d’une éducatrice, de reprendre ses études et devient éducatrice spécialisée. Elle est aujourd’hui interprète français-arabe-kabyle pour le tribunal de Lyon.
Mohamed Akardjoudj est né le 10 mars 1919. Issu d’une famille de paysans kabyles, il s’engage dans l’armée française en août 1939 pour échapper à des conditions de vie très difficiles. Il participe à la Deuxième guerre mondiale et à la guerre d’Indochine et obtient le grade de sergent du 7ème régiment des tirailleurs algériens. Pendant son service, il est plusieurs fois décoré et cité pour ses actes de bravoure et sa bonne volonté. Blessé, il est rapatrié en Algérie, en février 1955, pour des raisons de santé. Quelques mois plus tard, il démissionne de l’armée française. Il est rappelé d’abord comme sergent interprète entre novembre 1956 et août 1960, puis au moment de l’indépendance, entre juin et juillet 1962.
Malgré son engagement militaire et pour des raisons familiales, il décide de rester en Algérie après l’indépendance. Il est arrêté par le FLN dès septembre 1962 et emprisonné jusqu’en avril 1965. Lors de la première visite, sa famille est choquée par les traces de mauvais traitements. Il change à plusieurs reprises de prison, contraignant sa famille à des voyages de plus en plus longs pour aller le visiter.
En 2002, très affaibli, il fait des démarches pour s’installer en France et récupérer son ancienne nationalité française afin de vivre avec sa fille. Malgré ses états de service, ses demandes restent lettre morte et c’est finalement pour les problèmes de santé de sa femme qu’il parvient à obtenir un titre de séjour. Il finit sa vie en France. Il meurt en 2008 et repose en Algérie.
Archives
Ces documents administratifs nous ont été livrés par Zahia Arkdjoudje. Ils concernent la carrière dans l’armée française de son père. On trouve un certificat de citation témoignant de sa bonne volonté et de son courage, un exemplaire de permission, un ordre de mission demandant son rapatriement d’Indochine, son relevé de services qui témoigne de ses vingt ans d’engagement dans l’armée française.
Vous trouverez aussi le passeport français de Mohamed Arkdjoudje, édité en 1954 et rappelant sa première nationalité, ainsi qu’une lettre écrite en au préfet en 2002 pour demander l’autorisation de s’installer en France et tenter de recouvrer la nationalité française.

lettre préfet 2002

Parcours militaire - documents administratifs
Passeport