Michel Valette est né à Alger sous les bombardements en 1943. Il est issu d’une longue lignée pied-noir du côté maternel tandis que ses grands-parents paternels, Aveyronnais, sont arrivés au début du siècle afin de trouver du travail. Dès son plus jeune âge, il passe ses vacances en France, d’abord en Aveyron dans la maison familiale puis dans le Puy de Dôme. La famille Valette est nombreuse : six enfants. Elle habite sur les hauteurs d’Alger. Michel se définit comme privilégié, son père étant fonctionnaire à l’EGA (Electricité et Gaz d’Algérie). Syndiqué à la
CFTC puis à la CFDT, très ouvert, ce dernier explique à ses enfants que la situation des Algérien.nes n’est pas normale. Cependant, il leur interdit d’aller jouer dans la ruelle avec les enfants du quartier. C’est seulement à l’école communale qu’il se fait des amis arabes.
Lorsque la guerre d’indépendance algérienne éclate, il a 11 ans. Il ne comprend pas réellement ce qui se passe et n’a pas le sens du danger. Mais peu à peu, il prend conscience du climat de guerre qui l’entoure et se durcit. Le couvre-feu, les fenêtres fermées même en été, les attentats, les manifestations entravent la vie quotidienne. Il estime cependant ne pas savoir si l’impression de désordre et d’oppression dont il se souvient est imputable au climat de guerre ou aux difficultés d’apprentissage au sein desquelles il se débat au Centre de Formation pour Adultes qu’il finit par intégrer. Il n’a jamais compris les méthodes du FLN comme celles de l’OAS.
A partir de 1961, des réunions publiques de
l’OAS sont organisées et les jeunes sont recrutés pour tuer des Algériens en pleine rue. Michel refuse d’adhérer mais voit ses amis en parler ouvertement, comme d’une identité. La folie meurtrière de l’OAS s’intensifie et menace également les Européen.nes. Le père de Michel, plusieurs fois menacé, est invité par des amis syndicalistes en France au début de l’année 1962. Ils l’empêchent de repartir. A cette époque, Michel a 19 ans et doit choisir entre l’armée et
l’OAS. Il part finalement en France le 22 février et rejoint son père dans le Puy de Dôme, comme le reste de la famille.
S’il a gardé quelques ami.es de sa jeunesse en Algérie, il n’a en revanche jamais cherché à se mêler à la communauté pied-noire dont il ne partage pas le point de vue. Il est retourné en Algérie deux fois dans les années 1960 avec sa femme, ce qui lui a permis de visiter le pays.