Né en 1940, près de Sétif, dernier d’une famille pauvre et nombreuse,
Rahim Rezigat passe son enfance dans une région très reculée, au point que son père n’avait pas conscience de la présence française. Des liens intergénérationnels distendus expliquent son départ à l’âge de huit ans, pour Saint-Etienne avec trois de ses frères, pour rejoindre un aîné, tenancier d’un café-garni fréquenté par de nombreux Algérien.nes. Il se souvient d’un espace stéphanois où les Algérien.nes et les Français.es ne se côtoyaient pas, à l’exception de l’école. C’est précisément à l’école que Rahim apprend le français assez facilement malgré les brimades subies. Il devient le seul membre alphabétisé de la famille. On fait appel à lui pour servir d’interprète à la Caisse des allocations familiales.
Au début de la guerre d’indépendance, il a 14 ans et ne comprend pas réellement ce qui se produit. Les membres du MNA comme ceux du FLN font appel à lui pour des traductions. Les violences de la police contre les Algérien.nes, les rafles dans le café de son frère finissent par le politiser. Il devient un membre actif du FLN en 1958, chargé de reconstituer l’organisation FLN à Saint-Etienne. Dénoncé, arrêté, longuement interrogé par la police, il est envoyé en camp d’internement : au Larzac d’abord, puis à Thol. Il témoigne de l’affrontement entre les nationalistes algériens, organisés, et l’administration française dans ces espaces d’enfermement. Libéré en 1961, un arrêté ministériel l’oblige à résider dans l’agglomération parisienne. Il s’installe à Vanves et devient ouvrier. Arrêté lors de la répression de la manifestation du 17 octobre 1961, il est rapidement libéré. Etant insoumis, il est par la suite exfiltré vers l’Allemagne. Il ne revient en France qu’au moment de l’indépendance. Après la guerre, il milite un temps dans le
FLN. Partisan de Ben Bella, il quitte l’organisation après le
coup d’Etat de Boumédiène.
Il vit aujourd’hui à Saint-Denis où il anime une association en faveur du rapprochement entre Français.es et Algérien.nes.