Famille Gharib - Simone Ghezali, Blida, novembre 1964  

Hadria et Albelhamid Gharib sont d'anciens militant.es de la fédération de France du FLN qui ont travaillé en liens étroits avec des catholiques Lyonnais.

Albelhamid Gharib est né en 1930 à Biskra, dans le Sud de l’Algérie, où il devient un militant du PPA. Il arrive à Lyon en 1954 et fréquente le père Carteron qui l’aide à s’installer. Il milite au MNA, dont il devient le responsable régional, puis au FLN.  Avec son épouse Hadria, il alerte les Français.es en les informant de la situation en Algérie et du sens de la guerre d'indépendance. Arrêté plusieurs fois, torturé par les policiers français rue Vauban, il prend la fuite vers la Suisse puis rejoint la fédération de France du FLN en Allemagne. Après un passage au Maroc, les Gharib  rentrent en Algérie après l'indépendance.

Hadria Gharib est née en 1932 à Biskra. Dans une fratrie de 7 enfants,  elle est la seule à être allée à l’école. Touchée par l’injustice et le comportement des colons à l’égard des Algérien.nes, elle devient sympathisante du PPA et développe une forte conscience politique. C’est lors de son arrivée à Lyon en juillet 1954 où elle retrouve son fiancé Albelhamid, qu’elle s’engage au MNA puis au FLN. Tout en élevant ses enfants, elle s’occupe de la conscientisation des Lyonnais.es. Déçue par l'Algérie, elle revient en France dans les années 1990.

Ils sont entendus séparément. Hadria parle de la naissance de sa conscience politique. Hamid raconte les tortures qu'il a subies dans les locaux du commissariat de la rue Vauban.

Biographie
Albelhamid et Hadria Gharrib sont tous deux nés dans les années 1930 à Biskra, dans le sud de l’Algérie. Albelhamid devient très jeune, membre du PPA. Il est issu d’une famille aisée tandis que sa femme est la dernière d’une famille nombreuse et pauvre.  Cependant, Hadria a eu la chance de pouvoir aller à l’école. Elle découvre l’histoire de l’Algérie à travers la lecture de journaux éducatifs auxquels l’a abonnée son frère aîné. Touchée par l’injustice et le comportement des colons à l’égard des Algérien.nes, elle affûte son esprit critique et est très fortement attirée par le PPA, qu’elle découvre à travers la publication clandestine qu’un voisin lui fait passer. Elle développe très jeune une forte conscience politique qui s’est affirmée tout au long de sa vie. 
Albelhamid et Hadria se fiancent mais Albelhamid part seul,  en France,  en avril 1954. Arrivé à Lyon, il fait face aux difficultés que connaissent tous les Algérien.nes immigré.es pour trouver un logement et un travail. Hadria le rejoint en juillet 1954  et ils se marient aussitôt. Il fréquente alors le cercle du père Carteron  auquel il présente Hadria. Par son intermédiaire, le jeune couple rencontre la famille Bourcier, chez qui ils vont être hébergés, et avec laquelle ils vont tisser de forts liens d’amitié. Ce logement et ces relations leur permettent de poursuivre leurs activités militantes à Lyon.
Albelhamid devient le responsable du MNA de Lyon, jusqu’au jour où un proche venu de Biskra lui explique que c’est le FLN qui a déclenché l’action armée en Algérie. Il rejoint alors aussitôt le FLN. Il s’occupe de la conscientisation et de la promotion de la cause de l’indépendance auprès des Français.es, notamment en expliquant les conditions de vie des colonisé.es en Algérie. Il travaille en lien avec les catholiques lyonnais et prépare notamment avec Jean Polette et Albert Carteron un dossier sur les tortures dans le commissariat de la rue Vauban à Lyon. Hadria l’accompagne dans cette mission et s’occupe aussi de l’éducation et du soutien des femmes algériennes.
Albelhamid est victime de la répression policière qui sévit à Lyon. Arrêté et torturé dans le commissariat de la rue Vauban,  il est libéré au bout de trois jours, grâce à l’intercession du patron de son usine, alerté par la CFTC.  Plus tard, grâce au soutien de la communauté catholique, il échappe au grand coup de filet d’avril 1959 qui démantèle tous les réseaux du FLN en France. Il se cache dans des églises, puis pendant plusieurs mois au sein d’une famille lyonnaise, les Malfrois-Camine, qui participe à son passage clandestin en Suisse. Hadria et les enfants sont passés par une autre filière, elle aussi organisée par les catholiques.
Albelhamid rejoint la direction du FLN qui s’est déplacée en Allemagne. Il y retrouve Hadria et les enfants, ainsi que leurs amis Mathé et Jean Polette, qui ont dû, eux aussi, prendre la fuite au même moment. Les deux familles s’installent en Allemagne avec le soutien d’organisations caritatives. Elles cohabitent et les deux femmes nouent une amitié indéfectible. Alors que leurs maris poursuivent leurs activités militantes, elles élèvent ensemble leurs enfants et sont les gardiennes d’un lieu qui devient un relais pour les militant.es en exil, notamment les insoumis de « Jeune résistance ».
Après l’indépendance, les Gharib partent au Maroc, puis rejoignent l’Algérie.
Lors de leur retour en Algérie indépendante, ils ont le bonheur de voir la fin du statut colonial, avec notamment la scolarisation de tous les enfants. Ils ont néanmoins cessé, dès leur arrivée, toute activité militante, déçus par les options du nouveau pouvoir algérien.
Ils sont revenus en France, dans les années 1990, où leurs enfants ont construit leur vie.