Groupe de harkis commandé par Rémi-Pierre Gouttenoire - Archive privée

Rémi-Pierre Gouttenoire effectue un long service militaire en Algérie, à la fin du conflit. Sergent dans un commando de chasse composé de harkis, il doit procéder à leur licenciement au moment du cessez-le-feu. Il est affecté ensuite à Alger où il assiste à l’avènement d’une Algérie indépendante.

Rémi-Pierre Gouttenoire évoque les longs mois passés en Algérie avec un groupe de harkis qu'il a dû désarmer au moment du cessez-le-feu. Il explique la manière dont il a occulté les souvenirs et les regrets de son expérience algérienne avant leurs résurgences, à l’âge de la retraite.

Rencontre avec Rémi-Pierre Gouttenoire, préparée et filmée par des élèves de deux classes de 1ère, du lycée de la Plaine-de-l'Ain.

Biographie
Rémi-Pierre Gouttenoire nait en 1940, à Lyon, dans une famille d’artisans dont les hommes des générations précédentes ont participé aux conflits que le pays a traversés : guerre de 1870, Première et Deuxième guerres mondiales. Il reçoit une éducation catholique. Quand il est mobilisé, au début de l’année 1960, son frère aîné a déjà effectué son service militaire en Algérie cinq ans auparavant, en tant que chasseur alpin, à la frontière algéro-tunisienne où les combats furent nombreux.
Après des classes au 25ème régiment d’infanterie, à Belfort, Rémi-Pierre Gouttenoire passe les dix-huit derniers mois de ses obligations militaires en Algérie. A sa demande, il intègre les commandos du 9ème régiment d’infanterie de marine (RIMA). Avec le grade de sergent, il est affecté, sans préparation particulière, à la tête d’un commando de chasse, à proximité de Palestro, en Kabylie. La troupe, formée depuis longtemps, commandée par trois appelés, rassemble 47 hommes originaires de différentes régions algériennes, accompagnés pour certains de leurs familles. Beaucoup d’entre eux sont des transfuges de l’ALN. Tous parlent français. Rémi-Pierre Gouttenoire passe avec ces harkis de longs mois dans une mechta de montagne, isolée des populations locales. Il communique avec ses supérieurs par un téléphone de campagne et part en opérations de « nettoyage » de temps à autre. Peu politisé, il n’a qu’une conscience lointaine des événements qui agitent l’armée et l’Algérie en 1961.
Au moment du cessez-le-feu, Rémi-Pierre Gouttenoire reçoit l’ordre de ramener ses hommes dans un camp à proximité d’Alger en vue de leur licenciement. Il récupère leurs armes de guerre en échange de cinq fusils de chasse. Le soir même, il apprend l’assassinat du sergent-chef harki qui le secondait. Il ignore ce qu’il est advenu des autres membres du commando. De mars à juillet 1962, il est affecté au 1er RIMA, à Alger. Il assiste à la marche à l’indépendance avec ses manifestations ainsi qu’à la fuite de nombreux Européens. Son retour en France, le 8 juillet, est synonyme de démobilisation et de retour à la vie civile.
Renouant avec ses activités professionnelles, Rémi-Pierre Gouttenoire déclare avoir longtemps énormément travaillé sans se remémorer son expérience algérienne qui n’avait déclenché que de l’indifférence de la part de ses proches. Il estime que c’est sa retraite qui lui a permis de rentrer dans une période de remémoration et de réflexion, en particulier sur le sort des harkis.
Notices historiques