Rencontre avec Saad et Djamila Troudi au lycée Chabrières à Oullins.

Saad Troudi est un jeune Algérien de Biskra qui fuit l'Algérie pendant la guerre, chassé par la misère et la répression. Il gagne Lyon où il rejoint le FLN dont il devient un militant de base, responsable d'une cellule de 4 personnes. Il s'installe dans le bidonville de Cusset, où il fait venir sa famille. Sa fille Djamila accompagne un père qui accepte de témoigner tardivement ; elle évoque les souvenirs d’enfance, ténus, qu’elle a conservés du conflit.

Ce film réalisé avec des lycéens mérite qu’on tende l’oreille. Il est rare d’entendre la parole des anciens militants de base de l’organisation clandestine en métropole.

Rencontre avec Saad et Djamila Troudi, préparée et filmée par les élèves du lycée Chabrières à Oullins.

Biographie
Né en 1934, Saad Troudi a grandi dans une misère noire à Biskra. Pauvre, sans travail, harcelé par les autorités françaises comme tous les garçons de son âge, il quitte Biskra pour Alger où il devient manoeuvre. Le harcèlement policier se poursuivant, il cherche à rejoindre le maquis, mais n’est pas accepté, n’ayant aucun fait d’arme à son actif.  En revanche, il obtient très facilement l’autorisation d’émigrer en France.
Arrivé à Lyon, il se trouve confronté à des difficultés de logement et s’installe dans le bidonville de Cusset à Villeurbanne. Sa femme le rejoint et leurs enfants y grandissent. La famille est aidée par des militant.es catholiques, avec lesquels elle noue des relations durables.
Dès son arrivée, Saad est recruté par le FLN et suit un parcours commun aux militants du mouvement en France métropolitaine :  il dirige une cellule de 4 personnes et se charge de la collecte des cotisations. Il s’oppose alors aux militants du MNA, qu’il perçoit comme une organisation complice des services de police. Il connaît par ailleurs l’engagement des Français.es qui s’occupent de faire passer l’argent en Suisse.
Suite à une collecte de fonds à Neuville-sur-Saône, une partie de son groupe est arrêtée en 1960 et il est dénoncé. En même temps que plusieurs de ses compagnons, il est alors conduit au commissariat de la rue Vauban, puis emprisonné pendant deux ans à la prison Saint-Paul.
Après la guerre, il poursuit sa vie en France avec son épouse et y élève ses enfants.  Aujourd’hui, il partage sa vie entre les deux rives de la Méditerranée.
Archives
Saad Troudi a spontanément apporté quelques pièces d’archives lors du tournage. Des documents administratifs témoignent de sa condamnation et de son emprisonnement et surtout, deux précieuses photos, les deux seules de la famille, montrent pour l’une, prise place Bellecour, Saad avec deux jeunes enfants, pour l’autre, trouvée par sa fille Djamila par hasard dans une exposition, la famille Troudi . Cette dernière photo a été prise par la photographe lyonnaise Marcelle Vallet et fait désormais partie du fonds régional de la bibliothèque municipale de Lyon.