Simon Bitoun (au centre) et ses amis

Simon Bitoun est né au Maroc en 1935 dans une famille juive. Il passe son enfance en Algérie. De 1941 à 1942, après l’abolition du décret Crémieux, il est exclu de l’école primaire. Il arrive à Saint-Fons, dans la banlieue lyonnaise, en 1946. Grâce à un prêtre catholique, la famille est hébergée dans une cure. Son père, de santé fragile, meurt en 1953. Simon Bitoun expérimente alors divers métiers. De 1955 à 1957, il remplit ses obligations militaires en Algérie. Il subit les mois de guerre sans vraiment être politisé. De retour à Lyon, il découvre que la guerre s'est étendue en France : contrôles incessants, violences entre Algériens, et, à son indignation, activités clandestines qui lient les nationalistes algériens à certains Français.

Simon Bitoun est issu d’une famille juive du Maghreb. Il passe son enfance en Algérie et émigre dans l’agglomération lyonnaise avec sa famille. Appelé pendant la guerre d’Algérie, il est aussi un témoin des effets de la guerre d’indépendance en métropole.

Biographie
Simon Bitoun nait en 1935 au Maroc dans une famille juive dont la fratrie finit par compter neuf enfants. Il passe son enfance en Algérie, à Nemours (aujourd’hui Ghazaouet), bourg côtier proche de la frontière marocaine. Son père, bien qu’analphabète, est polyglotte, ce qui facilite son métier de commerçant ambulant et lui permet de réaliser du troc avec la population arabe. Simon, en revanche, n’est que francophone.
Il garde de son enfance juive dans l’Algérie coloniale des souvenirs variés et contradictoires. Victime de l’abrogation du décret Crémieux par le régime de Vichy, Simon Bitoun est un temps privé d’accès à l’école publique, comme la plupart des enfants juifs d’Algérie. Du débarquement anglo-américain de novembre 1942, il retient cependant davantage les denrées alimentaires qu’amènent les militaires avec eux que le rétablissement des droits des Juifs. Il juge enfin harmonieuse la cohabitation des différentes communautés dans l’Algérie coloniale.
En 1946, la famille Bitoun part en métropole. Le père et les frères aînés s’installent à Saint-Fons où plusieurs centaines de juifs marocains, ouvriers pour la plupart, se sont implantés pendant l’entre-deux-guerres. Simon, sa mère et ses sœurs les y rejoignent quelques mois plus tard. D’abord contraints d’occuper des logements exigus et très rudimentaires, les Bitoun sont secourus par un curé de Saint-Fons, vraisemblablement Joseph Carteron. Ce dernier les loge dans la cure où ils restent après le décès du père de famille, en 1953.
A cette époque, il arrive à Simon, qui suit peu l’enseignement religieux juif dispensé à Saint-Fons, de servir d’enfant de chœur à l’église. Il s’épanouit à l’école qu’il quitte une fois le certificat d’études obtenu, comme la plupart des enfants des catégories populaires à l’époque. Jusqu’à ses vingt ans, il enchaîne les formations professionnelles sans vraiment trouver sa vocation. Il suit ainsi un apprentissage en cordonnerie à l’ORT (Organisation Reconstruction Travail, une organisation philanthropique et éducative juive), ce qui lui permet de toucher un modeste salaire et d’aider sa famille.
En 1955, Simon commence un service militaire de 27 mois. De ses classes effectuées à Grenoble, il retient une bagarre avec un sous-officier antisémite qui le mène en prison. Bien qu’il mentionne des combats, il s’étend peu sur un long service en Algérie effectué dans une compagnie saharienne du génie.  On peut cependant comprendre à ses souvenirs qu’en une dizaine d’années, le lien avec l’Algérie natale s’est effacé.
Les retours à Lyon lui permettent en revanche de prendre conscience que le conflit algérien s’est étendu à la métropole et s’est complexifié. Plusieurs événements remettent en cause ses repères. Pris pour un arabe du fait de son physique, il subit des contrôles de police et de gendarmerie répétés. Il apprend la mort d’un de ses amis algérien, assassiné parce que militant du MNA. Il réalise aussi que la cure où il est hébergé depuis plusieurs années sert au Père Albert Carteron (frère de Joseph) à cacher des sommes collectées par le FLN.
Libéré de ses obligations militaires, Simon Bitoun, associé à son épouse, devient coiffeur et ouvre un petit salon dans le 6ème arrondissement de Lyon. Puis, sa famille ayant émigré aux États-unis, il la rejoint et s’installe définitivement à la Nouvelle Orléans en 1970. Il y travaille d’abord comme coiffeur, puis, associé à ses frères, comme restaurateur.