Albelhamid et Hadria Gharrib sont tous deux nés dans les années 1930 à Biskra, dans le sud de l’Algérie. Albelhamid devient très jeune, membre du
PPA. Il est issu d’une famille aisée tandis que sa femme est la dernière d’une famille nombreuse et pauvre. Cependant, Hadria a eu la chance de pouvoir aller à l’école. Elle découvre l’histoire de l’Algérie à travers la lecture de journaux éducatifs auxquels l’a abonnée son frère aîné. Touchée par l’injustice et le comportement des colons à l’égard des Algérien.nes, elle affûte son esprit critique et est très fortement attirée par le PPA, qu’elle découvre à travers la publication clandestine qu’un voisin lui fait passer. Elle développe très jeune une forte conscience politique qui s’est affirmée tout au long de sa vie.
Albelhamid et Hadria se fiancent mais Albelhamid part seul, en France, en avril 1954. Arrivé à Lyon, il fait face aux difficultés que connaissent tous les Algérien.nes immigré.es pour trouver un logement et un travail. Hadria le rejoint en juillet 1954 et ils se marient aussitôt. Il fréquente alors le cercle du père Carteron auquel il présente Hadria. Par son intermédiaire, le jeune couple rencontre la famille Bourcier, chez qui ils vont être hébergés, et avec laquelle ils vont tisser de forts liens d’amitié. Ce logement et ces relations leur permettent de poursuivre leurs activités militantes à Lyon.
Albelhamid devient le responsable du MNA de Lyon, jusqu’au jour où un proche venu de Biskra lui explique que c’est le FLN qui a déclenché l’action armée en Algérie. Il rejoint alors aussitôt le FLN. Il s’occupe de la conscientisation et de la promotion de la cause de l’indépendance auprès des Français.es, notamment en expliquant les conditions de vie des colonisé.es en Algérie. Il travaille en lien avec les catholiques lyonnais et prépare notamment avec Jean Polette et Albert Carteron un dossier sur les tortures dans le commissariat de la rue Vauban à Lyon. Hadria l’accompagne dans cette mission et s’occupe aussi de l’éducation et du soutien des femmes algériennes.
Albelhamid est victime de la répression policière qui sévit à Lyon. Arrêté et torturé dans le commissariat de la rue Vauban, il est libéré au bout de trois jours, grâce à l’intercession du patron de son usine, alerté par la
CFTC. Plus tard, grâce au soutien de la communauté catholique, il échappe au grand coup de filet d’avril 1959 qui démantèle tous les réseaux du
FLN en France. Il se cache dans des églises, puis pendant plusieurs mois au sein d’une famille lyonnaise, les Malfrois-Camine, qui participe à son passage clandestin en Suisse. Hadria et les enfants sont passés par une autre filière, elle aussi organisée par les catholiques.
Albelhamid rejoint la direction du FLN qui s’est déplacée en Allemagne. Il y retrouve Hadria et les enfants, ainsi que leurs amis Mathé et Jean Polette, qui ont dû, eux aussi, prendre la fuite au même moment. Les deux familles s’installent en Allemagne avec le soutien d’organisations caritatives. Elles cohabitent et les deux femmes nouent une amitié indéfectible. Alors que leurs maris poursuivent leurs activités militantes, elles élèvent ensemble leurs enfants et sont les gardiennes d’un lieu qui devient un relais pour les militant.es en exil, notamment les insoumis de « Jeune résistance ».
Après l’indépendance, les Gharib partent au Maroc, puis rejoignent l’Algérie.
Lors de leur retour en Algérie indépendante, ils ont le bonheur de voir la fin du statut colonial, avec notamment la scolarisation de tous les enfants. Ils ont néanmoins cessé, dès leur arrivée, toute activité militante, déçus par les options du nouveau pouvoir algérien.
Ils sont revenus en France, dans les années 1990, où leurs enfants ont construit leur vie.