Née en 1937,
Claudie Duhamel est étudiante à Aix-en-Provence au moment où éclate la guerre d’indépendance algérienne. Militante à l’Union des étudiantes communistes en 1957, elle participe alors à des actions de distribution de tracts et de placardages d’affiches afin de dénoncer les abus de la situation coloniale.
Les affrontements entre les étudiant.es en sciences humaines, majoritairement de gauche, et les étudiant.es en droit qui défendent l’Algérie française sont nombreux et violents. Mais Claudie Duhamel a défendu des idées anticoloniales avant même le début de l’insurrection algérienne. Ayant passé une grande partie de son enfance au Maroc, elle y a découvert les injustices et les abus des colons, qui l’ont révoltée. Adolescente, elle est fortement sensibilisée aux revendications des nationalistes marocains.
Le déclic se produit vers 1959, quand elle assiste à une « ratonnade » dans le métro parisien. De retour à Aix-en-Provence, elle décide de mener des actions plus « concrètes » que la distribution de tracts. Elle est alors contactée par Nicole Brochier, qui la met en relation avec Jean-Marie Boeglin. Ce dernier lui conseille de quitter la région aixoise pour Lyon, où elle est moins connue et où habite sa mère. En janvier 1960, elle abandonne alors ses études d’histoire. Guidée par des souvenirs de la Résistance – entre l’âge de trois et huit ans, elle a été envoyée « en pension, dans des milieux de résistance », dans les Pyrénées, avec ses frères et sœur, – elle s’engage dans la lutte pour l’indépendance aux côtés des Algérien.nes, en devenant permanente du réseau de soutien métropolitain au FLN.
Elle y est active en tant qu’agente de liaison – sous le pseudonyme de « Catherine » – et assume de nombreuses tâches : transport de fonds et de documents, distribution du journal clandestin
El Moujahid, liaison entre les différents membres des réseaux français et algériens, « démarchage » des Français.es susceptibles d’aider les Algérien.nes, etc. A l’été 1960, elle se sent surveillée et le signale à son chef de réseau qui ne la croit pas et la renvoie à son « émotivité féminine ». En novembre 1960, elle est arrêtée lors d’un grand coup de filet de la DST qui démantèle le réseau Boeglin.
Elle est condamnée à dix ans de prison pour atteinte à l’intégrité du territoire national en avril 1961, en même temps que d’autres membres du réseau, et de Tahar Temzi, chef de la
Wilaya. Face à leurs juges militaires, Claudie et d’autres accusés font de leur procès une tribune contre le colonialisme, bien relayée par la presse.
En novembre 1961, elle rejoint le mouvement national de grève de la faim déclenché par les détenu.es algérien.nes, qui demandent le statut de détenus politiques. La grève dure plus de trois semaines. Claudie Duhamel est transférée avec Nicole Brochier à l’hôpital psychiatrique du Vinatier, où le médecin diagnostique une « anorexie mentale ».
A l’issue de cette grève, la condition des détenu.es s’améliore considérablement. Les détenu.es peuvent ainsi recevoir la presse et ont la possibilité de poursuivre leurs études. A sa sortie de prison, en 1963, Claudie Duhamel est contrainte de se cacher pour échapper aux menaces de l’OAS : un voyage en Algérie est organisé par le FLN, auquel elle prend part avec Jean-Jacques Brochier. Elle est déçue par l’attitude des
« Pieds-rouges », qui organisent de somptueuses réceptions alors que la majorité de la population algérienne subit encore la misère. Plus encore, elle est choquée par la condition des Algériennes qui, malgré les risques qu’elles ont encourus pendant la guerre d’indépendance, sont cantonnées à la sphère privée et ne peuvent participer aux réunions politiques. Ce faisant, elles sont exclues du processus de reconstruction de la nation algérienne. Pour ces raisons, Claudie décide de ne pas rester en Algérie et regagne la France, où elle se marie en 1964. Elle continue de militer à son retour. Elle rejoint le Parti communiste, où elle participe notamment à de nombreuses actions sociales, concernant le logement.