Fausses cartes d'identité de Jean et Marie-thérèse Polette - Archives privées 1962

Dans les premières années de la guerre, Marie-Thérèse Polette et son mari Jean sont des militant.es d'action catholique. Ils soutiennent d'abord la lutte des militants nationalistes algérien.nes en organisant avec eux des réunions où sont exposés les problèmes posés par la situation coloniale. Ils s'engagent ensuite dans une aide plus directe et participent au premier réseau d'aide au FLN mis en place à l'automne 1955. Le démantèlement de ce réseau en avril 1959 les conduit à prendre la fuite avec leurs enfants vers la Suisse, et à un parcours d'exil.

Marie-Thérèse  Polette, discrète et modeste, revient sur son engagement aux côtés des Algérien.nes de Lyon

Biographie
Malgré des parents à droite de l’éventail politique, Marie-Thérèse Polette (dite « Mathé ») se sent rapidement concernée par la lutte anticolonialiste. Elle milite alors avec son mari à l’Union de la Gauche Socialiste (UGS) puis au Parti Socialiste Unifié (PSU), en même temps qu’elle est investie dans l’Action Catholique Ouvrière (ACO).
Proche de nombreux et nombreuses Algérien.nes rencontré.es via le père Carteron et dont elle déplore les conditions de vie, Mathé Polette est d’abord touchée par les problèmes sociaux posés par la situation coloniale. De là découlent ensuite des motivations plus directement politiques, qui vont conditionner son engagement aux côtés des Algérien.nes.
Dans les premières années de la guerre, Mathé Polette s’engage avec son mari aux côtés des Algérien.nes, en organisant à Villeurbanne des réunions où sont exposés les problèmes posés par la situation coloniale et la guerre. Ils sont cependant obligés de cesser cette activité officielle, à cause de la trop grande surveillance policière dont les participants font l’objet. C’est à partir de ce moment que le couple décide d’apporter une aide plus directe aux Algérien.nes, en les hébergeant d’abord. Ils s’engagent ensuite  comme « porteur » et « porteuse de valises ». En 1957, Jean Polette quitte son travail et devient « permanent du FLN ». En 1958, il se joint à un vaste mouvement de dénonciation et de protestation de la torture.
A l’arrestation de Séoud Mansouri, en 1959 (qu’ils ont longtemps hébergé dans leur maison à Croix-Luizet), le couple est contraint de fuir vers la Suisse. Jean Polette devait alors se présenter aux élections municipales de Villeurbanne, sur la liste U.G.S. Ils sont condamnés par le tribunal militaire de Lyon, en 1960, à dix ans de prison. Ils rejoignent l’Allemagne, puis le Maroc et l ‘Algérie. Ils regagnent la France en juillet 1964, avec le soutien de leur avocat Jean Delay pour se présenter devant le tribunal militaire. Elle attend son quatrième enfant, et le couple bénéficie alors d’une grâce.
En mai 1968, les époux Polette retournent dans la rue.
Mathé Polette, discrète et modeste, dit peu de choses sur son engagement personnel pendant la guerre d’indépendance algérienne. Elle met surtout en avant l’action de son mari, ou ce qu’elle a fait à ses côtés.
jean polette
Jean POLETTE
Jean Polette, entre en résistance en 1940 à 16 ans aux côtés de son père, intendant dans son lycée. Arrêté en 1941, il est condamné à 3 mois de prison par le tribunal militaire de Lyon. A sa sortie, il rejoint le maquis, puis passe en Espagne et s’engage dans le troisième régiment de tirailleurs algériens. Il est fait prisonnier à la bataille de Cassino et reste un an en captivité en Allemagne.
Il se convertit au catholicisme au début des années cinquante, fréquente les prêtres ouvriers de Villeurbanne qui le sensibilisent à la cause de l’indépendance algérienne.
Jean Polette est engagé à la CFDT, milite avec l’ACO, participe au groupe d’information de Villeurbanne où des soirées sont consacrées au problème algérien. Il devient permanent du FLN dès 1957, alors qu’il milite à l’UGS), une des composantes les plus importantes du PSU qui sera créé en 1960. 
Jean Polette a été un acteur important des réseaux lyonnais et dans la fédération de France du FLN, dès les premières heures du conflit. Disparu aujourd’hui, il a laissé quelques notes qui montrent le niveau de responsabilité politique qui était le sien
Archives privées du couple Polette
Les archives de Jean et Marie-Thérèse Polette ont été déposées aux Archives municipales de Lyon.

Marie-Thérèse et Jean Polette en 1949

Jean Polette et les travailleurs de l'atelier qu'il crée à Casablanca

Blida où le couple vit entre 1962 et 1964

Un jeu de faux papiers papiers d'identité et de laisser-passer retraçant le parcours du couple Polette de Lyon, au Maroc, en passant par l'Allemagne

Archives relatives au service de Jean Polette dans l'armée pendant la deuxième guerre mondiale, dans la résistance, puis au sein du 3ème régiment de tirailleurs algériens

32914 Extrait de services – deuxième guerre mondiale 

Pièces judiciaires relatives au procès de 1960 et 1964

32914Jugement Mathé Polette
32914Jugement Jean Polette
32914Documents judiciaires

Dossier de Presse - Articles de journaux lyonnais tels que L'Écho-Liberté, La Dernière Heure Lyonnaise qui relatent l'arrestation de Mansouri, le chef de Wilaya Centre-Sud et la fuite des Polette en Suisse au mois d'avril 1959