Jo et Laurent Courbière

Jo et Laurent Courbière,  à travers leur engagement à la Confédération Syndicale des Familles, s'impliquent dans l’aide sociale aux familles algériennes de la montée de la Grande côte, à la Croix-Rousse. Ce faisant, ils sont conscients de servir le projet nationaliste algérien.

Ce témoignage à deux voix est un bel exemple de l’engagement des chrétiens dans le soutien aux Algériens pendant la guerre d’indépendance.

Biographie
Ce témoignage à deux voix est un bel exemple de l’engagement des chrétiens dans le soutien aux Algériens pendant la guerre d’indépendance. Il met en évidence l’importance de l’espace géographique. Lyon est une ville marquée historiquement par le catholicisme social dont le maillage militant chrétien est, à l’aube des années cinquante, particulièrement dense et dynamique. L’action militante de Jo et Laurent Courbière a pour cadre essentiel la montée de la Grande-Côte et secondairement le plateau de la Croix-Rousse.
La foi chrétienne est au cœur de leur engagement qui prend plusieurs formes. Le socle est le bénévolat : « On était militant sans limite », « militants sacrificiels ». Tout d’abord une forme sociale par la participation de Jo à l’action de la Confédération Syndicale des Familles qui l’a conduite à intervenir auprès des femmes habitant des logements insalubres montée de la Grande-Côte ; des femmes essentiellement parce que les hommes sont, pour la très grande majorité, emprisonnés. Cela témoigne de l’importance du rôle des femmes pendant cette période de la guerre d’indépendance algérienne. C’est aussi la réalité des conditions de vie d’environ cent cinquante algériens dans un bâtiment insalubre à la Croix-Rousse qui conduit Laurent à intervenir. Dimension politique ensuite : Jo et Laurent, après avoir été militants MRP après la guerre, ont rejoint l’UGS et le PSU. Lectures, rencontres et connaissances de l’action de militants chrétiens comme Robert Barrat et André Mandouze leur donnent très tôt une compréhension de ce qui se joue entre conditions de vie des Algériens en France et guerre d’indépendance. Pour Laurent, il y a aussi l’engagement à la libération de Lyon dans la Première Division Française Libre – dont une très grande partie des effectifs est composée de soldats originaires d’Afrique du Nord. Au plan local, c’est la rencontre avec le Père Albert Carteron qui déterminera les modalités de leur action
Les contacts noués par leur engagement social ont permis de construire des relations de grande confiance avec les Algériens. Ainsi leur petit appartement verra transiter « des boîtes de souliers » pleines de billets destinés à aider les femmes algériennes dont les maris sont emprisonnés. A cette aide, les époux Courbière fixent une limite : pas d’armes. Il s’agit d’un engagement de fait politique par la lecture des événements mais porté avant tout par une forte culture chrétienne « de gauche ». Ce sont aussi d’autres formes d’actions comme la rédaction et la distribution de tracts ainsi que la participation à des manifestations.
Il y a, après l’indépendance, la déception des Algériens et Algériennes qui retournent remplis d’espoir en Algérie. Cependant, les difficultés d’un pays en construction les conduisent à revenir à Lyon.
Ces parcours de vie, exemplaires par leur cohérence, témoignent de ce qu’étaient et représentaient, de l’après-guerre aux années 80, « les cathos de gauche »