Montluc-Archives-privées-Nicole Cadieu

En 1958-1959, Nicole Cadieu a 21 ans et est étudiante en philosophie à Lyon lorsqu'elle rejoint le réseau de soutien au FLN mis en place par Jean-Marie Boëglin. Déjà politisée – bien qu’elle ne soit affiliée à aucun parti politique – par le biais de l’AGEL-UNEF où elle milite avec son mari Jean-Jacques Brochier, elle est sensibilisée aux problèmes des appelés et rappelés et de l’insoumission. Elle devient documentaliste à mi-temps au Théâtre de la Cité, ce qui fournit une couverture à son activité clandestine. Elle est arrêtée et condamnée à 10 ans de prison en avril 1961.

Nicole Cadieu explique les raisons de son engagement aux côtés des militants algériens de Lyon et en décrit les différentes étapes. Elle se souvient également des conditions de vie à la prison de Montluc.

Biographie
Nicole Cadieu ne mentionne pas sa date de naissance au cours de l’entretien, mais dit avoir 21 ans en 1958-1959.
Elle explique son engagement militant par l’influence de son père, ancien résistant, qui lui a montré des photos des camps à la Libération, mais aussi de la philosophie, ses lectures de Sartre l’ayant beaucoup marquée. Son engagement est donc avant tout celui d’une intellectuelle, et d’une Française, tient-elle à préciser.
Etudiante en philosophie à Lyon, Nicole Cadieu fréquente le théâtre de la Cité, où elle rencontre Jean-Marie Boeglin et devient documentaliste du théâtre. Boeglin la met au fait de l’existence de réseaux de résistance à la guerre d’Algérie et des revendications du F.L.N. Déjà politisée – bien qu’elle ne soit affiliée à aucun parti politique – par le biais de l’AGEL-UNEF Association Générale des Etudiants de Lyon, où elle milite avec son mari Jean-Jacques Brochier, elle est sensibilisée aux problèmes des sursis, du rappel des disponibles, de l’insoumission, etc.
Sa rencontre avec Jean-Marie Boeglin est décisive, la pousse à s’engager aux côtés des Algérien.nes en lutte. En 1958-1959, elle devient permanente du FLN, en qualité d’agente de liaison. Son pseudonyme au sein du réseau est « Miléna », en référence à Kafka. En juin 1960, elle est repérée et cesse toute activité. Le réseau est démantelé en novembre 1960. Nicole est alors arrêtée, et condamnée en avril 1961 à dix ans de prison pour Atteinte à l’Intégrité du Territoire National.
Elle participe à la grève de la faim des détenu.es Algérien.nes, qui dure plus de trois semaines, afin d’obtenir le statut de détenu.es politiques. Transférée à l’hôpital psychiatrique du Vinatier, on diagnostique une « anorexie mentale » plutôt que de reconnaître les raisons politiques de son action. En prison, elle se lie d’amitié avec des détenues algériennes, mais subit les critiques des prostituées qui les surnomment, elle et les autres militantes, de « figues », c’est-à-dire « amoureuses des Arabes ».
Une fois le statut de détenue politique obtenu, les conditions de détention s’améliorant considérablement, Nicole Cadieu reprend ses études en prison et commence la rédaction d’un mémoire sur Kafka. A sa sortie de prison, en décembre 1963, elle est contrainte de se cacher pour échapper aux menaces de l’OAS. Elle refuse de participer à un voyage en Algérie organisé par le F.L.N., auquel participent Jean-Jacques Brochier et Claudie Duhamel.
Pendant très longtemps, elle n’a pas parlé publiquement de cet épisode de sa vie. Elle ne mentionne pas de militantisme ultérieur.
Archives privées

Photos de détention

Ces photos sont extraites d’un cahier qui appartient à Claudie Duhamel et à Nicole Cadieu. Elles sont parfois difficiles à différencier l’une de l’autre. Les clichés ont été pris grâce à un appareil photo que le médecin des prisons, le docteur Mégard leur a donné. Pris à l’intérieur, ils ont servi à illustrer la campagne initiée par le Secours populaire pour leur libération. A partir du 19 novembre 1961, les deux femmes bénéficient du régime pénitentiaire spécial qui s’applique aux détenu.es pour des faits en lien avec « les événements d’Algérie ». Elles peuvent ainsi poursuivre leurs études. Elles sont aussi autorisées à s’occuper des chats de la prison et à faire des plantations dans la cour.

Campagne de soutien, pour la libération de Claudie Duhamel, Nicole et Jean Brochier, Gérard Marliot et Michel Bachelet. Lancée par le Secours populaire en novembre 1962, cette campagne rassemble très largement à gauche

32914Magazine – Secours populaire – La Défense – juillet 1963
32914Magazine – Secours populaire – La Défense – août 1963
32914Magazine – Secours populaire – La Défense – décembre 1963