Monsieur K. est né en 1934 à proximité d’Aïn Defla. Ouvrier agricole, il se lie d’amitié, dès l’âge de 14 ans, avec le petit-fils de la propriétaire de la ferme. Celui-ci lui offre de passer l’examen du permis de conduire, qu’il réussit le 3 juillet 1956. C’est une compétence qui lui sera utile tout au long de sa vie et qui déterminera son parcours.
En 1957, lorsque la guerre s’intensifie, son père lui demande de revenir dans son village natal où il continue à exercer comme chauffeur civil, puis comme
Moghazni dans une
SAS (Section administrative spécialisée) qui compte une trentaine d’hommes sous les ordres d’un lieutenant.
A l’indépendance, il est immédiatement pris en charge par l’armée française, avec sa femme, son frère et sa belle-soeur. Protégés par leur appartenance à une tribu alliée du
Bachaga Boualam, ils rejoignent les familles rassemblées au camp de regroupement de Téfeschoun.
Ils débarquent tous à Marseille, puis prennent un train spécial jusqu’à Clermont-Ferrand. Pris en charge par l’armée, ils sont conduits au camp de Bourg-Lastic où ils restent pendant un mois et demi sous des tentes. A l’arrivée de l’hiver, ils sont transférés à Rivesaltes pour deux à trois mois, puis dans un hameau de forestage près de Châtillon-sur-Seine, en Bourgogne. Monsieur K. et sa famille passeront six ans et demi dans ce camp où ils se sentiront très bien pris en charge, toujours du fait de leur lien avec le
Bachaga Boualem.
C’est un problème de santé d’un de ses fils qui provoque un dernier déplacement vers le sud. La famille a le choix entre plusieurs camps et choisit le hameau de forestage de Brogilum à Fuveau, dans les Bouches-du-Rhône. M. K. s’y installe le 17 février 1969 avec sa famille et y exerce le métier de chauffeur pour l’Office national des forêts (ONF) jusqu’à sa retraite.
Ce n’est que très récemment qu’il a pu retourner voir sa famille en Algérie. De peur des représailles du FLN, ses parents et son frère, qui étaient restés là-bas, ont dû rester cachés six ans avant de pouvoir regagner leur domicile. Son frère le rejoint en France en 1968, mais M. K. n’a
malheureusement pas revu ses parents, avant leur disparition.