Les avocats lyonnais dans la guerre
On mesure encore mal l'ampleur de la répression judiciaire dont les nationalistes ont fait l'objet y compris en métropole. A titre d'exemple, on ne comptait pas moins de 600 détenus algériens à la prison Saint-Paul en 1958.
C'est donc pour répondre à ces besoins de défense qu'une minorité d'avocat.es lyonnais.es – environ 30 sur 300 - souvent jeunes, parfois animé.es par les idéaux du catholicisme social, marqué.es pour certain.es par l'expérience de la résistance, se sont mobilisé.es.
Ces femmes et ces hommes ont ainsi plaidé à des centaines d'occasions, en métropole et pour certains d'entre eux/elles en Algérie, essentiellement devant les tribunaux correctionnels et les tribunaux militaires. Ils et elles ont également contribué à informer l'opinion sur les dérives de l'action policière et judiciaire en évoquant dans les cours de justice comme dans l'espace public l'existence de la torture ou de l'internement administratif.
Il ne faut cependant pas les imaginer comme un groupe homogène et structuré. Certains, parmi les plus actifs, se sont rattaché à un collectif d'avocats du FLN aux contours flous et en ont accepté les défraiements. Ce groupe était animé par un avocat algérien installé à Lyon, Kebir Bendi-Merad qui, bien qu'étroitement surveillé par la police, a échappé aux poursuites judiciaires. D'autres avocat.es ont en revanche préféré défendre les nationalistes en restant indépendant.es de toute organisation politique.
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Récits en écoute : Yves Berger - Bernard Gouy - Georges Cochet - Pierre Cohendy
FLN
Bibliographie :
Sylvie THÉNAULT, Défendre les nationalistes algériens en lutte pour l’indépendance. La « défense de rupture » en question », Le Mouvement Social, 2012/3 n° 240, p. 121-135.
Arthur GROSJEAN, Les avocats lyonnais et la défense des indépendantistes algériens, in B. Dubell, A. Grosjean, M. Thivend (dir.), Récits d’engagement. Des Lyonnais auprès des Algériens en guerre, Saint-Denis,Bouchène, 2012