Journal du collectif Zaâma d'banlieue - page de couverture du premier numéro, mai 1981- archives du CEDRATS

La famille de Fouzia Meknache arrive en France en 1951, quelques mois après sa naissance, pour fuir la répression que subit son père en tant que militant indépendantiste en Algérie.

A Lyon pendant la guerre, son enfance est marquée par l’engagement politique de sa famille. Elle vit les perquisitions, les arrestations, l’inquiétude ainsi que les repas conviviaux entre militants, les débats politiques, les chants et poèmes engagés. Cette guerre résonne tout au long de sa vie, dans ses choix scolaires, professionnels et dans son parcours militant personnel.

Fouzia Meknache fait le récit de son enfance à Lyon pendant la guerre d’indépendance algérienne, elle relate son parcours personnel et son héritage culturel et politique.

Biographie
Fouzia Meknache est née en 1951, en Algérie, dans une petite ville côtière près de Constantine. Elle est la troisième enfant d’une fratrie de neuf. Pour échapper à une arrestation son père, engagé pour l’indépendance depuis 1945, doit fuir l’Algérie l’année de sa naissance. Fouzia et sa famille le rejoignent en France quelques mois plus tard. D’abord dans le Nord, près de Forbach, puis ils s’installent à Lyon en 1955 dans un taudis du quartier de Saint-Clair à Caluire. Ils déménagent plus tard à Bron, dans une cité HLM.
L’enfance de Fawzia est traversée par la guerre d’indépendance, le militantisme, la pauvreté et son statut d’immigrée algérienne en France. Très tôt, elle a conscience du racisme, mais aussi du combat politique qui prend place et est débattu à la maison. Elle est baignée dans le militantisme et la guerre, tant auprès de son père qui fait régulièrement des séjours en prison, qu’auprès de sa mère qui assure l’accueil des familles et des militants. Elle et ses deux grands frères participent aussi à leur manière en écrivant des rapports pour leur père.
Fouzia Meknache se souvient de l’aide apportée à sa famille par le réseau catholique lyonnais organisé autour du père Albert Carteron. Celui-ci participe au mouvement pour l’indépendance et aide aussi les familles algériennes dans leur quotidien. Ce réseau permet notamment à Fouzia de partir plusieurs fois en vacances pendant la guerre et d’être soutenue dans son parcours scolaire.
Elle met de côté ses origines et cette culture politique lors de sa brillante scolarité au lycée Lumière (8ème arrondissement). Ce n’est qu’à la faculté, en s’engageant auprès de mouvements d’extrême gauche, qu’elle prend conscience de son vécu, de ses racines. A la fin des années 1970 et au début des années 1980, elle se rapproche d’un collectif de jeunes femmes Zaâma d’banlieue se revendiquant arabes et luttant contre les violences policières et les expulsions qui touchent les jeunes de banlieue issus de l’immigration. Elle participe ensuite au groupe mixte Jeunes Arabes Lyon et Banlieue, formé à partir du noyau de Zaâma. C’est au sein de ces mouvements qu’elle fait l’expérience d’un nouveau combat politique pour l’égalité, contre le racisme,  inspiré des mouvements d’extrême gauche des années 1960-1970 mais aussi en lien avec la guerre d’indépendance algérienne et l’histoire coloniale de son pays d’origine. C’est dans ce contexte lyonnais que s’organise la Marche des beurs de 1983 (Marche pour l’égalité et contre le racisme), à laquelle elle participe. L’occasion de renouer avec les réseaux chrétiens lyonnais qui lui sont familiers depuis son enfance, puisque que le père Christian Delorme et le pasteur Jean Costil soutiennent activement cette marche.
A côté de cet engagement, elle poursuit des études de linguistique, puis de sociologie et enfin de médecine. Elle exerce le métier de psychiatre jusqu’à sa retraite.
Archives

Journal Zaâma d’banlieue

Zaâma d’banlieue a été un creuset, intellectuel, culturel et politique. Le journal témoigne des analyses et des luttes de ce collectif de Lyon et sa banlieue, dans lequel des femmes ont joué les premiers rôles.
Trois numéros ont été publiés : le premier, en mai 1981, le deuxième en novembre 1981 et le troisième en mai 1982.
Journal ZAAMA1 mai 1981
Journal ZAAMA2 novembre 1981
Journal ZAAMA3 28-20 mai 1982

Pour aller plus loin

Lire l’article : Zaâma d’Banlieue ( 1979-1984) Les pérégrinations d’un collectif féminin au sein des luttes de l’immigration de Foued Nasri https://www.academia.edu
 Zaama Banlieue 1979-1984