Saad Absis est né
à la fin des années 1920, à El
Oued Souf, à 650 km au sud d’Alger. Militant politique précoce, il rentre au
PPA (Parti du peuple algérien) à 18 ans et part s’installer près de Constantine en 1948. Il poursuit sa formation au sein d’une médersa (école religieuse). C’est là qu’il apprend que des avocat.es français.es sont mobilisé.es pour défendre les militant.es nationalistes algérien.nes. C’est pour lui une première prise de conscience des complexités et des contradictions inhérentes à cette guerre. Lors d’un voyage à Souk Ahras, il découvre également des prêtres ouvriers de la Mission de France travaillant dans un bidonville pour soulager la population algérienne. Il identifie Albert Carteron, Pierre Mamet et Jean Scotto ….
En 1952, Messali Hadj, venu dans le Constantinois pour rencontrer ses militants, est arrêté par la police française.
Saad Absis, qui fait partie du service de sécurité assiste à cet événement puis milite pour sa libération. Dirigeant d’une cellule de jeunes du
MNA, il est expulsé de sa commune.
La guerre d’indépendance advenue, il rejoint le
FLN. Arrêté, enfermé dans un camp d’internement en Algérie, interdit de séjour à sa sortie, il arrive en métropole. Sur indication du FLN, il rejoint des prêtres de la Mission de France à Gennevilliers. De 1957 à 1960, il réside dans l’agglomération parisienne. Après une arrestation fin 1959 et un internement de deux mois au Centre d’identification de
Vincennes, le FLN décide, au printemps 1960, de l’envoyer à Lyon diriger une
super-zone. Responsable de l’organisation politique, il encadre les militants et organise la collecte de fonds, sans toutefois contrôler les actions armées contre le
MNA.
Il travaille à réorganiser et à renforcer l’appareil politique à tous les niveaux hiérarchiques. Arrêté en mai 1961 avec 32 autres membres de l’organisation, il est envoyé à la prison Saint-Paul où il reste jusqu’à
l’indépendance.
A sa libération en 1962, Saad Absis crée et préside l’Amicale des Algériens en France. Il retrouve le père Carteron à travers différentes actions
menées en lien avec plusieurs associations humanitaires, dont la Cimade : aide au logement, collecte des médicaments pour l’Algérie, reboisement. Il devient également député à l’Assemblée nationale algérienne, mais démissionne suite au coup d’état d’Houari Boumédiène le 19 juin 1965.
Installé après 1965 avec sa famille à Gennevilliers, Saad Absis poursuit son engagement politique dans le Mouvement pour la démocratie de l’Algérie, parti d’opposition créé par Ben Bella, et s’investit dans le champ du militantisme social en participant à la Maison du travailleur immigré de Puteaux et à la création du Festival des travailleurs immigrés. Après les événements de 1988 en Algérie qui voient le pouvoir réprimer avec violence les manifestations d’étudiants, il abandonne la politique et se consacre désormais pleinement au mouvement associatif local, à la présidence de Solidarité algérienne en Europe, au dialogue islamo-chrétien et à la solidarité internationale.