Une guerre longtemps restée sans nom
Cette guerre qui s’est déroulée de 1954 à 1962 en Algérie, colonie française depuis 1830, et dont l’aboutissement est l’indépendance du territoire le 5 juillet 1962, n’a longtemps pas dit officiellement son nom. On parlait alors d’événements d’Algérie, d’opérations de maintien de l’ordre, qui répondaient à des troubles à l’ordre public dans trois départements français.
Cette guerre est reconnue officiellement en 1999 par un vote de l’assemblée nationale. Le terme de guerre d’Algérie supplante les anciennes dénominations, alors que reste utilisé le terme historique de Révolution algérienne, utilisé alors par les militants nationalistes. On parle aujourd’hui de  guerre d’indépendance algérienne ou de guerre de libération nationale.
C’est une guerre de décolonisation, qui oppose des nationalistes algériens, organisés par deux mouvements rivaux, le MNA (Mouvement Nationaliste algérien) et le FLN (Front de libération nationale), à la France. Elle est à la fois un conflit militaire et diplomatique et une double guerre civile qui déchire les deux communautés. Elle a lieu principalement sur le territoire de  l’Algérie mais l’hexagone où vivait une importante communauté algérienne a été aussi le théâtre d’une guerre clandestine, qui reste moins connue.
une guerre
Bibliographie :
Raphaëlle BRANCHE  et Sylvie THÉNAULT, La France en guerre, 1954-1962, Autrement, coll. Mémoires,2008.
Mohammed HARBI et Benjamin STORA (dir.), La guerre d’Algérie, Robert Laffont, Paris, 2004
Sylvie THÉNAULT, Algérie : des « événements » à la guerre. Idées reçues sur la guerre d’indépendance algérienne, Paris, Le Cavalier Bleu, 2012.
Guy PERVILLE, La guerre d’Algérie, PARIS, PUF,2007
Benjamin STORA les mots de la guerre d’Algérie, Presses universitaires du Mirail, 2005.
La France et l’Algérie : Leçons d’histoire sous la direction de Frédéric ABECASSIS, Gilles BOYER Benoit FALAIZE, Gilbert MEYNIER et Michelle ZANCARINI FOURNEL, Lyon, INRP, 2007.
L'opinion publique
Les Français en 1954, face à une guerre qui ne dit pas son nom
Dans la nuit du 1er novembre 1954, une série d’attentats commis en Algérie par le FLN marque le début de ce qui  sera la Guerre d’indépendance algérienne jusqu’en 1962. Mais en France même, les organisations nationalistes restent inconnues du grand public et rares sont les personnes qui prennent la mesure de l’ampleur de l’événement qui vient d’être déclenché par le FLN. Les médias sont à cet égard un exemple. Dans leur ensemble, ils évoquent par des formules habituelles, « terroristes », « maintien de l’ordre », ce qui est en train de se jouer en Algérie. Dans un contexte où la France entre dans la société de consommation, l’opinion publique est dans sa majorité indifférente aux « événements d’Algérie ».
Une prise de conscience progressive de la réalité des enjeux
L’opinion est touchée lorsque l’engagement des jeunes appelés du contingent en Algérie fait de premières victimes. Certains titres de la presse nationale comme Le Monde, France-Observateur, l’Express, donnent des éléments précis permettant une réflexion de plus en plus aiguë sur la question algérienne. Des intellectuel.les s’engagent, comme François Mauriac, Simone de Beauvoir, Francis Jeanson, Henri-Irénée Marrou ou Pierre Vidal-Naquet, pour dénoncer les méthodes utilisées par les forces de répression, dont la torture en Algérie, ou pour s’interroger sur la légitimité des revendications nationalistes algériennes.
guerre
Récits en écoute : Marguerite BernardYves Berger
opinion publique
Bibliographie :
Jean-Pierre RIOUX (dir.), La guerre d’Algérie et les Français, Paris, Fayard, 1990
La société coloniale : les inégalités institutionnalisées.
Au moment où commence la guerre d’indépendance, l’inégalité est institutionnalisée au sein de la population d’Algérie. Une série d’ordonnances et de lois promulguées entre 1944 et 1947 met certes fin au code de l’indigénat, qui avait privé de facto la plupart des « musulmans d’Algérie» de tout pouvoir politique. Ces réformes n’établissent pas pour autant une égalité entre « Français musulmans » et  « Français non musulmans » dans les départements algériens. Les droits civils diffèrent. L’accès au pouvoir politique également. Toutes les femmes algériennes restent privées du droit de vote. L’instauration d’un « double­ collège » (« collège musulman » et « collège de droit commun ») pour les élections locales et nationales revient à établir une égalité des pouvoirs entre les deux catégories de population, niant ainsi la prépondérance démographique des Français musulmans, ne leur accordant qu’une citoyenneté minorée. A cette inégalité, s’ajoute le trucage régulier des scrutins. Il faut attendre les ordonnances de novembre 1958, prises après le retour au pouvoir du général de Gaulle, pour que les Algériens, hommes et femmes, accèdent aux mêmes droits politiques que les autres citoyens français. Cette égalité, trop tardive, n’aura existé que les quatre dernières années de la colonisation.
Les Algérien.nes de Lyon et sa région
La présence algérienne dans l’agglomération lyonnaise est ancienne. Elle devient massive au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Pour reconstruire la France, des « travailleurs algériens » sont recrutés, employés dans les secteurs des travaux publics, du bâtiment et dans les différentes activités industrielles de la région. Ils sont de plus en plus nombreux : 8 300 en 1951, 15 200 en 1957 et 13 400 en 1960. La migration algérienne n’est cependant pas exclusivement masculine : environ 1000 femmes et 2000 enfants vivent également dans l’agglomération au milieu des années 1950.
Le premier problème auquel sont confronté.es ces migrant.es est le logement. Les hommes seuls n’ont d’autres choix que les centres d’hébergement (celui de la Part-Dieu a vu transiter 25 000 personnes de sa création en 1948 jusqu’en 1961), les foyers Sonacotra ou foyers dortoirs, les garnis. Quant aux familles, si certaines ont la chance d’accéder à un logement HBM (Habitat bon marché), la plupart vivent dans des centres de transit et les bidonvilles de l’agglomération.
guerre algérie
Récits en écoute : Saad et Djamila Troudi – Abdelhamid et Hadria Gharib  – Saad Absis – Rahim Rézigat
algériens lyon
Bibliographie :
Benjamin STORA, Linda AMIRI (dir.) Algériens en France. 1954-1962 : la guerre, l’exil, la vie, Paris Autrement, 2012
Mouvements nationalistes algériens en Rhône-Alpes
Le nationalisme algérien naît et s’organise dans les milieux de l’immigration, essentiellement autour de l’Étoile nord­-africaine fondée par Messali Hadj en 1926. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) du même Messali Hadj regroupe près de 600 sympathisant.es à Lyon. En 1954, une scission s’opère au sein du mouvement, entre le FLN qui décide de l’insurrection le 1er novembre 1954 et Messali Hadj qui s’y oppose et crée le MNA un mois plus tard. Cette rupture, qui repose sur des stratégies politiques et militaires différentes, débouche sur une lutte fratricide en Algérie comme en métropole.
Ainsi à Lyon, la population immigrée devient un enjeu majeur de cette lutte. Aux intimidations, succède l’action des groupes de chocs levés par les deux organisations rivales. Deux vagues de violence secouent la ville entre le printemps 1957 et le début de l’année 1961. Dès 1958, le FLN s’impose pourtant et s’identifie désormais à un Etat en construction, qui encadre étroitement sa population, prélève l’impôt et rend la justice. A partir d’août 1958, il mène des actions violentes en métropole. En septembre, trois postes de police sont attaqués à Lyon, provoquant la mort d’un gardien de la paix et des blessures aussi bien chez les policiers que chez les passant.es.
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Récits en écoute : Saad et Djamila Troudi – Abdelhamid et Hadria Gharib – Saad Absis – Rahim Rézigat – Georgette Saït – Marie-Thérèse Polette – Fouzia Meknache
grandensemble
Bibliographie :
Gilbert MEYNIER, Histoire intérieure du FLN, Paris, Fayard, 2002.
Mohamed HARBI, Le FLN mirage et réalité des origines à la prise du pouvoir 1945-1962, Paris, Editions Jeune Afrique, Paris, 1980
Paul-Marie ATGER et Arthur GROSJEAN, Les nationalismes algériens à Lyon et leur répression. in Béatrice Dubell, A. Grosjean, M. Thivend (s.d.), Récits d’engagement. Des Lyonnais auprès des Algériens en guerre, Saint-Denis, Bouchène, 2012

Actions des nationalistes algériens et répression à Lyon
La virulence des répressions policière et judiciaire répond à l’activité croissante des nationalistes algériens sur le sol métropolitain. A Lyon, la brigade nord-africaine, dirigée par le commissaire Chaboud, la DST, les RG multiplient les opérations. Arrestations, rafles se succèdent dans les garnis et les foyers. Elles sont suivies dans un premier temps d’expulsions collectives vers l’Algérie, de déferrements pour « atteinte à la sûreté du territoire » ou « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Ce sont ainsi des centaines d’affaires algériennes que doit juger le tribunal correctionnel de Lyon au point que les magistrats se plaignent d’engorgement. Il en est de même dans les prisons : 600 détenus FLN s’entassent à la prison Saint-Paul en 1958.
A la fin de l’été 1958, la fédération de France du FLN ouvre un « second front » ; aux violences inter-algériennes s’ajoutent des attentats contre les forces de l’ordre. A Lyon, en septembre, plusieurs postes de police sont attaqués par les groupes de choc. Des policiers et passant.es sont blessés.es. Le sous-brigadier Sudon est tué. Le préfet du Rhône, Roger Ricard et le directeur de la Sûreté Nationale, Jean Verdier, assistent aux obsèques. Ce dernier déclare : « Face à ceux qui ont fait le serment de porter la guerre en France, face à ces infâmes terroristes, j’invite, j’ordonne aux fonctionnaires de la police de ne faire preuve d’aucune pitié, d’aucune indulgence… Des mesures strictes de répression seront encore accentuées allant jusqu’aux méthodes de guerre »
Dès le 25 septembre, un couvre-feu est recommandé aux Nord-africain.es de l’agglomération lyonnaise.
Au début du mois d’octobre, deux ordonnances viennent renforcer la répression en métropole. L’une élargit les possibilités d’internement administratif des nationalistes algériens arrêtés. Les suspects peuvent être enfermés pour une durée indéterminée, sans jugement. L’autre permet aux tribunaux militaires (TPFA) de se saisir des dossiers impliquant des nationalistes algériens. Le pouvoir espère ainsi obtenir des jugements plus sévères que ceux prononcés par des juges civils supposés plus laxistes ou plus intimidés. C’est ce tribunal qui prononce plus d’une centaine de condamnations à mort ; onze prisonniers sont exécutés dans la cour de la prison Montluc entre 1959 et 1961.
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Récits en écoute : Saad et Djamila Troudi – Abdelhamid et Hadria Gharib – Saad Absis – Rahim Rézigat – Georgette Saït – Fouzia Meknache
Actions nationalistes
Bibliographie :
Emmanuel BLANCHARD, La police parisienne et les Algériens, 1944-1962, 2011, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2011.
Paul-Marie ATGER et Arthur GROSJEAN, Les nationalismes algériens à Lyon et leur répression. in B. Dubell, A. Grosjean, M. Thivend (s.d.), Récits d’engagement. Des Lyonnais auprès des Algériens en guerre, Saint-Denis, Bouchène, 2012.

La justice prise dans une logique de guerre
« La participation de la justice à la répression des nationalistes et de leurs partisans découle directement du refus de reconnaître l’état de guerre sur le sol algérien. »
(S. Thénault)
Durant toute la guerre d’indépendance algérienne, les militants nationalistes algériens se sont vus refuser un statut de combattant. Nombre d’entre eux ont donc été déférés devant des tribunaux. Cette répression judiciaire amorcée en Algérie s’est étendue par la suite à la métropole.
Des deux côtés de la Méditerranée, les activités clandestines les moins graves comme les collectes de fonds ou la propagande, relèvent d’abord des tribunaux correctionnels devant lesquels les prévenus comparaissent pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » ou « atteinte à la sûreté du territoire ».
En Algérie, en vertu de l’état d’urgence qui s’applique au territoire algérien en avril 1955, puis des « pouvoirs spéciaux » votés par l’Assemblée nationale en mars 1956, les actes des nationalistes qui peuvent être qualifiés de crimes ne sont plus jugés par des cours d’assises mais par des tribunaux militaires dont on attend une sévérité accrue. Dans le même temps, les suspects qui ne sont pas déférés font l’objet de mesures administratives : ils peuvent être internés dans des camps pour des durées indéterminées.
En métropole, l’internement administratif des suspects algériens dans des camps comme Thol (Ain) ou le Larzac (Aveyron) et le jugement d’accusés par des tribunaux militaires ne s’appliquent qu’à partir d’octobre 1958. Le gouvernement espère ainsi réprimer le FLN qui a ouvert un « second front » en France en août, en commettant des attentats contre les forces de police et contre certaines infrastructures comme le dépôt d’essence de Mourepiane, à côté de Marseille. Le tribunal militaire de Lyon ou Tribunal permanent des forces armées siégeait à Montluc.
grand ensemble
Récits en écoute : Yves Berger – Bernard Gouy – Georges Cochet – Pierre Cohendy – Michel Hanniet
Justice
Bibliographie :
Sylvie THÉNAULT, Une drôle de justice, Les magistrats dans la guerre d’Algérie, Paris, La Découverte, 2001.
Sylvie THÉNAULT, La justice en guerre d’Algérie, in Mohamed HARBI et Benjamin STORA(dir.), La guerre d’Algérie, Paris, Hachette, 2004
Les camps d'assignation à résidence surveillée en France
En août 1958, la fédération de France du FLN a pris l’ascendant sur le MNA. Elle déclenche une vague d’attentats contre diverses infrastructures et contre les forces de police. Pour répondre à ces attentats, le gouvernement accentue les mesures répressives. Un décret généralise l’internement administratif, pratiqué en Algérie depuis 1955 mais demeuré jusqu’ici limité sur le territoire métropolitain. Lorsque la police peine à réunir des preuves pour déférer des Algériens suspects d’activités nationalistes, elle peut demander un arrêté préfectoral d’assignation à résidence surveillée de 15 jours pour prolonger l’enquête. Les personnes arrêtées sont alors retenues dans des centres de triage (Vincennes à Paris, le fort Montluc à Lyon). Si à l’issue de ce délai les preuves manquent mais que les suspicions demeurent, un arrêté ministériel d’assignation à résidence surveillée pour une durée indéterminée peut être rédigé. Concrètement, on peut enfermer des suspects algériens dans des camps, sans perspective de libération, sur simple décision administrative. Quatre camps d’assignation à résidence surveillée (CARS) sont aménagés : Vadenay, dans la Marne, Saint-Maurice-l’Ardoise, dans le Gard, Le Larzac, dans l’Aveyron, et Thol, dans l’Ain.
une guerre
Récits en écoute : Saad Absis – Rahim Rézigat – Georgette SaÏt
camps 
Bibliographie :
Sylvie THÉNAULT (dir.), L’internement en France pendant la guerre d’indépendance algérienne, Matériaux pour l’histoire de notre temps, n°92, octobre-décembre 2008
Arthur GROSJEAN,  Internement, emprisonnement et guerre d’indépendance algérienne en métropole : l’exemple du camp de Thol (1958-1965) , Criminocorpus [En ligne]
Justice et détention politique, Répressions politiques en situation de guerre, mis en ligne le 10 mars 2014, consulté le 17 février 2016. URL : http://criminocorpus.revues.org/2676 ; DOI : 10.4000/criminocorpus.2676
Torture
Pendant la guerre d’indépendance, la torture est largement employée par l’armée française, en particulier à partir de la bataille d’Alger. Dans le cadre d’une guerre « contre­- révolutionnaire », elle est institutionnalisée, conçue comme une méthode indispensable à l’obtention de renseignements. L’historienne Raphaëlle Branche souligne cependant qu’elle est surtout un moyen d’imprimer la domination coloniale sur le corps des supplicié.es. Elle existait en effet avant 1954. L’usage de la torture reflue à partir de 1960, sitôt que le pouvoir gaullien rappelle l’armée à l’ordre, sans toutefois disparaître. Son usage n’est pas reconnu officiellement malgré les alertes répétées et les témoignages publiés, parfois censurés tout au long du conflit. En France métropolitaine aussi, la torture est employée. Elle est cependant pratiquée à une moins grande échelle, et de façon moins méthodique, essentiellement par la police. A Lyon, le commissariat de la rue Vauban est désigné à plusieurs reprises comme un lieu de torture par les avocats et un noyau de militant.es associatifs/ves. En octobre 1958, Albert Carteron est en train de rassembler un dossier sur la question lorsqu’il est mis en cause dans l’affaire du Prado. Le scandale national qui en découle permet au cardinal Gerlier de révéler les « sévices » dont sont victimes les Algériens dans ce commissariat lyonnais.
algérie
Récits en écoute : Saad et Djamila Troudi – Abdelhamid et Hadria Gharib – Georgette Saït – Jean Molard
internement
Bibliographie :
Raphaëlle BRANCHE La torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie, Paris, Gallimard, 2001.
Les avocat.es lyonnais.es dans la guerre
On mesure encore mal l’ampleur de la répression judiciaire dont les nationalistes ont fait l’objet y compris en métropole. A titre d’exemple, on ne comptait pas moins de 600 détenus algériens à la prison Saint-Paul en 1958.
C’est donc pour répondre à ces besoins de défense qu’une minorité d’avocat.es lyonnais.es – environ 30 sur 300 – souvent jeunes, parfois animé.es par les idéaux du catholicisme social, marqué.es pour certain.es par l’expérience de la résistance, se sont mobilisé.es.
Ces femmes et ces hommes ont ainsi plaidé à des centaines d’occasions, en métropole et pour certains d’entre eux/elles en Algérie, essentiellement devant les tribunaux correctionnels et les tribunaux militaires. Ils et elles ont également contribué à informer l’opinion sur les dérives de l’action policière et judiciaire en évoquant dans les cours de justice comme dans l’espace public l’existence de la torture ou de l’internement administratif.
Il ne faut cependant pas les imaginer comme un groupe homogène et structuré. Certains, parmi les plus actifs, se sont rattaché à un collectif  d’avocats du FLN aux contours flous et en ont accepté les défraiements. Ce groupe était animé par un avocat algérien installé à Lyon, Kebir Bendi-Merad qui, bien qu’étroitement surveillé par la police, a échappé aux poursuites judiciaires. D’autres avocat.es ont en revanche préféré défendre les nationalistes en restant indépendant.es de toute organisation politique.
guerre
Récits en écoute : Yves Berger – Bernard Gouy – Georges CochetPierre Cohendy
FLN 
Bibliographie :
Sylvie THÉNAULT, Défendre les nationalistes algériens en lutte pour l’indépendance. La « défense de rupture » en question », Le Mouvement Social, 2012/3 n° 240, p. 121-135.
Arthur GROSJEAN, Les avocats lyonnais et la défense des indépendantistes algériens, in B. Dubell, A. Grosjean, M. Thivend (dir.), Récits d’engagement. Des Lyonnais auprès des Algériens en guerre, Saint-Denis,Bouchène, 2012
Plaider en Algérie
L’intensification de la guerre en Algérie se traduit par une répression accrue. Les seuls avocats algériens ne peuvent alors plus faire face à l’augmentation vertigineuse des procès.  C’est pourquoi de nombreux avocat.es métropolitain.es dont plusieurs Lyonnais.es comme Yves Berger, Paul Bouchet ou Emma Gounot traversent la Méditerranée, parfois plusieurs fois par mois, pour plaider devant les tribunaux militaires. Tous décrivent des conditions de travail difficiles : délais très courts pour préparer une défense collective, réactions hostiles des Européen.nes d’Algérie, manque de collaboration du personnel pénitentiaire, difficulté à trouver des interprètes. A ces difficultés s’ajoutent, à partir de 1961, les menaces de l’OAS (Organisation Armée Spéciale).
OAS
Récit en écoute : Bernard Gouy
avocats
Bibliographie :
Arthur GROSJEAN, Les avocats lyonnais et la défense des indépendantistes algériens, in B. Dubell, A. Grosjean, M. Thivend (dir.), Récits d’engagement. Des Lyonnais auprès des Algériens en guerre, Saint-Denis,Bouchène, 2012

1959 : un procès à Orléansville
Bernard Gouy est sollicité par un de ses confrères parisiens, Michel Zavrian, alors proche de Jacques Vergès, pour défendre des nationalistes accusés d’avoir participé à des embuscades contre des militaires français et à des assassinats de membres du MNA. Lors de ce procès collectif qui ne dure qu’une journée, au TPFA d’Orléansville en décembre 1959, Bernard Gouy partage la défense avec un officier défenseur, un appelé juriste et commis d’office. Malgré les arguments tant juridiques que politiques qu’il déploie, l’affaire se solde par la condamnation à mort de deux de ses clients : Mekki Mendil et Bakhti Boumerdjene. Toutes les démarches entreprises pour les sauver – pourvois en cassation, recours en grâce – n’empêchent pas leur exécution le 25 juin 1960.
OAS
Récit en écoute : Bernard Gouy
procès Orléansville
Bibliographie :
Arthur GROSJEAN, Les avocats lyonnais et la défense des indépendantistes algériens, in B. Dubell, A. Grosjean, M. Thivend (dir.), Récits d’engagement. Des Lyonnais auprès des Algériens en guerre, Saint-Denis,Bouchène, 2012

1959-1960 : les procès des groupes de choc à Lyon
La guerre d’indépendance entraîne de nombreuses violences entre les deux organisations nationalistes opposées. La guerre qui oppose le FLN et le MNA se solde à Lyon par des morts violentes dans les deux organisations entre 1957 et 1961. A ces violences dont les Algérien.nes sont les principales victimes s’ajoutent les attaques perpétrées par le FLN contre les forces de l’ordre.
Arrêtés par la police, les membres de ces groupes de choc sont traduits devant le TPFA ( Tribunal Permanent des Forces Armées) lors de procès où ils encourent de lourdes peines de travaux forcés, sinon leurs têtes. Leurs avocat.es optent parfois pour une défense classique, cherchant à démontrer les erreurs commises par les enquêteurs, à souligner les vices de procédures ou à obtenir les circonstances atténuantes. Refusant que des nationalistes soient considérés comme de vulgaires criminels de droit commun, d’autres choisissent  de politiser leurs plaidoiries. A certaines occasions, enfin, à la demande de leurs clients, certain.es avocat.es doivent se résigner au silence.
FLN MNA
Récits en écoute : Saad Absis – Georges Cochet – Yves Berger
groupe de chocs
Bibliographie :

Arthur GROSJEAN, Les avocats lyonnais et la défense des indépendantistes algériens, in B. Dubell, A. Grosjean, M. Thivend (dir.), Récits d’engagement. Des Lyonnais auprès des Algériens en guerre,  Saint-Denis, Bouchène, 2012

La défense de rupture : l’exemple du procès des « étrangleurs de la Doua »
Lors du procès des « étrangleurs de la Doua », qui se tient en février 1960 devant le TPFA ( Tribunal Permanent des Forces Armées) de Lyon, les accusés  revendiquent leur statut de combattants, refusent de reconnaître l’autorité d’un tribunal français. Ces hommes, accusés de multiples assassinats de leurs adversaires du MNA et d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, qui encourent la peine capitale, protestent contre l’absence de leurs avocats parisiens alors internés ou réfugiés à l’étranger. Pendant les débats, ils demandent le silence à leurs avocats, pourtant familiers de la défense des nationalistes algériens.
MNA
Récits en écoute : Yves Berger – Georges Cochet
défense de rupture
Bibliographie :

Arthur GROSJEAN, Les avocats lyonnais et la défense des indépendantistes algériens, in B. Dubell, A. Grosjean, M. Thivend (dir.), Récits d’engagement. Des Lyonnais auprès des Algériens en guerre, Saint-Denis, Bouchène, 2012

Condamnations à mort et exécutions des nationalistes algériens à Lyon
La peine de mort contre les nationalistes algériens constitue un enjeu particulier de la répression judiciaire durant la guerre d’indépendance. Elle demeure la seule peine irréversible que les tribunaux peuvent appliquer. Décider d’une exécution ou d’une grâce constitue en outre pour le pouvoir politique un signe de fermeté ou d’apaisement envoyé aux nationalistes et à l’opinion.
En Algérie, on décompte plus de 1400 condamnations à mort pendant le conflit ; en métropole plus d’une centaine. Le TPFA de Lyon s’y distingue par sa sévérité puisqu’il en prononce à lui seul plus de la moitié soit 61.
Ces condamnations à mort n’ont pas toutes été appliquées du fait des grâces prononcées et de l’amnistie dont ont bénéficié les acteur/ices engagé.es dans cette guerre après le cessez-le-feu, en 1962. On décompte cependant 198 exécutions en Algérie entre juin 1956 et décembre 1960 et 24 en métropole entre septembre 1958 et janvier 1961. A Lyon, 11 Algériens ont été guillotinés à Montluc entre septembre 1959 et janvier 1961.
TPFA
Récits en écoute : Yves Berger – Georges Cochet – Pierre Cohendy
nationalistes
Bibliographie :

Arthur GROSJEAN, Les avocats lyonnais et la défense des indépendantistes algériens, in B. Dubell, A. Grosjean, M. Thivend (dir.), Récits d’engagement. Des Lyonnais auprès des Algériens en guerre, Saint-Denis,Bouchène, 2012
Des engagements de solidarité
La guerre qui se déroule en Algérie, la présence à Lyon d’une importante communauté algérienne, aux conditions de vie difficiles et sensible aux thèses indépendantistes, les méthodes de répression utilisées, par l’armée et la police en Algérie et par la police en métropole, créent une situation  inédite. À partir de 1955, l’envoi du contingent en Algérie contribue à sensibiliser largement l’opinion publique au conflit. Face à cette situation, des habitant.es de l’agglomération lyonnaise vont s’engager. Si pour certain.es, l’engagement naît de la rencontre directe avec la population algérienne, par l’action sociale ou bien encore par l’activité professionnelle, d’autres en revanche ont d’abord une approche morale, intellectuelle et politique de la question. Mais pour toutes et tous, l’engagement est une évidence. La décision de l’aide directe aux Algérien.nes, qui n’est dictée par aucune grande organisation politique, syndicale ou spirituelle, est avant tout un acte individuel qui résulte de différents facteurs liés à une histoire personnelle et collective, procédant à la fois d’une culture politique et d’un réflexe humaniste.
A Lyon, dès le début des années 1950,  le terreau de catholicisme social très vivant à Lyon, marqué par les personnalités d’Henri Le Masne et d’Albert Carteron, nourrit de nombreuses initiatives humanitaires en direction de la population algérienne. Après 1954, nombre de militant.es poursuivent leur action sur le terrain social, souvent conscient.es de servir le projet nationaliste algérien. Albert Carteron tisse des liens entre les milieux catholiques et le service social du FLN qui seront à l’origine de l’affaire du Prado.
Engagements
Récits en écoute : Marguerite Bernard – Gabriel Mifsud – Georgette Saït – Marie-Thérèse Polette – Jean-François Bourcier – René Bressat
engagements
Bibliographie :
Gilles BOYER, L’Eglise catholique et le catholicisme social face à la guerre d’indépendance, in B. Dubell, A. Grosjean, M. Thivend (dir.), Récits d’engagement. Des Lyonnais auprès des Algériens en guerre, Saint-Denis,Bouchène, 2012

L'ESSANA, une association d'action sociale sous étroite surveillance
L’ESSANA (Etudes Sociales Service d’Accueil Nord-Africain) est fondée en 1948 par des catholiques réunis au sein de la Chronique sociale. En 1951, Henri Le Masne, abbé de la paroisse du Sacré-Coeur et spécialement chargé par le cardinal Gerlier de l’accueil des Nord-africain.es à Lyon, gère l’association, recrute les bénévoles et les forme à l’action sociale, bientôt rejoint par le Père Albert Carteron. L’ESSANA propose essentiellement des cours d’alphabétisation. Son projet est émancipateur, bien éloigné des politiques publiques d’assimilation des populations nord-africaines. C’est pourquoi dès 1953, le pouvoir politique l’accuse de faire le jeu des nationalistes algériens. Réorganisée en 1957 et étroitement surveillée par la préfecture, l’association devient franco-algérienne, administrée par des Français (le protestant Marc Mégard et le catholique Jean Carlhian) et des Algériens proches du FLN. Une dizaine de cours d’alphabétisation fonctionnent dans l’agglomération mais également des cours pour les détenus algériens,  pour les femmes, et une importante aide aux familles.
ESSANA
Récits en écoute : Jean-François Bourcier – René Bressat
ESSANA
Bibliographie :
Marianne THIVEND, L’ESSANA, un lieu de solidarités franco-algériennes. In B. Dubell, A. Grosjean, M. Thivend (dir.), Récits d’engagement. Des Lyonnais auprès des Algériens en guerre,  Saint-Denis, Bouchène, 2012

L'engagement d'un prêtre : Albert Carteron
Missionné en 1950 par le cardinal Gerlier pour se consacrer aux problèmes d’accueil des travailleurs nord-africains du diocèse, le père Albert Carteron s’installe dans un petit appartement au coeur du Lyon « algérien », au 28 rue Villeroy. Avec le père Henri Le Masne, ils hébergent des Algériens à leur arrivée à Lyon et essaient de leur trouver des logements. Albert Carteron réalise deux voyages d’études en Algérie, en 1952 et 1955.
Sa connaissance de l’Algérie coloniale, tout comme son rôle de prêtre auprès des immigré.es, le conduisent rapidement à prendre conscience de la légitimité de l’action des Algériens pour obtenir une dignité que seule l’indépendance peut leur apporter.
La personnalité du père Carteron en fait un acteur central parmi tous ceux qui s’engagent aux côtés des Algérien.nes. Respecté par les militants nationalistes, il travaille en lien étroit avec le service social du FLN.  Attaché à son église, il veille à informer sa hiérarchie et à faire connaître la cause des Algérien.nes dans les paroisses qu’il visite.
Albert Carteron
Récits en écoute : Jean-François Bourcier – René Bressat – Louis Magnin – Hadria et Abdelhamid Gharib – Saad Absis – Marie-Thérèse Polette – Fouzia Meknache
Albert Carteron
Bibliographie :
Béatrice DUBELL, Autour d’Albert Carteron, des catholiques lyonnais s’engagent. In Béatrice Dubell, A. Grosjean, M. Thivend (dir.), Récits d’engagement. Des Lyonnais auprès des Algériens en guerre, Saint-Denis, Bouchène, 2012
L'affaire du Prado
En 1958, les militants du FLN de Lyon cherchent à mettre en place une structure d’aide aux détenus algériens (800 dans les prisons lyonnaises) ainsi qu’à leur famille. Ils s’adressent au prêtre Carteron pour qu’il leur trouve un local et ce dernier les renvoie aux prêtres Chaize et Magnin du Noviciat du Prado à Saint-Fons. Ces derniers mettent à disposition des Algériens une chambre où documents et argent sont déposés.
Lorsque la cache du Prado est découverte, les prêtres Magnin et Chaize sont arrêtés, Albert Carteron réussit à quitter Lyon. Magnin est inculpé « d’atteinte à l’intégrité du territoire ».
Le Cardinal Gerlier publie alors une déclaration de solidarité avec les prêtres inculpés et dans laquelle il dénonce les sévices que subissent les Algériens. Le ministère de l’intérieur réplique aussitôt par voie de presse. Cette affaire donne lieu à de multiples réactions largement relayées au niveau national.
prado
Récit en écoute : Louis Magnin
Carteron
Bibliographie :

Béatrice DUBELL, Autour d’Albert Carteron, des catholiques lyonnais s’engagent, in Béatrice Dubell, A. Grosjean, M. Thivend (dir.), Récits d’engagement. Des Lyonnais auprès des Algériens en guerre, Saint-Denis,Bouchène, 2012

Les réseaux clandestins de soutien au FLN
Au delà du ressort moral, l’engagement est aussi politique et amène certain.es jusqu’à un soutien direct aux indépendantistes algériens. Dès lors, les personnes appartiennent à des réseaux clandestins aux missions bien définies. Leurs maisons deviennent les bases de l’organisation politique clandestine des Algériens en servant, selon les cas, de cache pour les personnes poursuivies par la police, de boîte aux lettres, de lieu de réunion, de lieu de dépôt de documents, d’argent voire parfois d’armes. Les Françai.es, moins harcelé.es par la police, assurent aussi les liaisons pour acheminer des fonds, des documents, des militants, exceptionnellement des armes, en France et au travers des frontières. Ce sont alors des « porteurs » et « porteuses de valises ».
FLN
Récits en écoute : Georgette Saït – Marie-Thérèse Polette – Jean-François Bourcier – Louis Magnin – Jean-Marie Boëglin – Nicole Cadieu – Claudie DuhamelBlaise De Pury
FLN
Bibliographie:

Hervé HAMMON, Patrick ROTMAN, Les porteurs de valises,Paris, Albin-Michel, 1979

Les femmes dans les réseaux clandestins de soutien au FLN
Les Françaises sont, comme les Français, nombreuses à s’engager dans des réseaux de soutien au FLN. Elles sont, au début de la guerre, moins soupçonnées que les hommes, Français et Algériens, mais aussi que les Algériennes. Elles bénéficient alors d’une plus grande liberté de mouvement qui leur permet de convoyer des fonds et des documents, mais aussi de transporter des militant.es ou de leur faire passer les frontières.
Plusieurs affaires révèlent l’engagement important des femmes comme porteuses de valises et en février 1960, le journal Paris-Presse dénombre « 60 femmes sur 80 complices du FLN » depuis le début de la guerre d’indépendance. Ces femmes sont alors présentées comme les maîtresses ou concubines des militants frontistes qu’elles ont aidés, ou assimilées à des prostituées. C’est le cas d’Anne Beaumanoir, arrêtée à Marseille en 1959, dont la presse explique qu’elle a été séduite par les yeux noirs des Algériens. A Lyon, Suzanne Gerbe s’entend dire, en prison, que les Algériens sont de beaux gars. Le sentimentalisme est alors utilisé pour expliquer un engagement qui semble alors incompréhensible et hors-norme.
Les arrestations qui touchent les réseaux Jeanson, puis Boeglin, viennent contredire ce topoï : France-Soir écrit alors que « sauf quelques exceptions, les jeunes femmes qui viennent d’être arrêtées n’étaient pas les maîtresses de terroristes. […] C’étaient des intellectuelles, professeurs, écrivains, artistes, agissant par conviction plus que par amour ». Et, lors des procès, les accusées revendiquent comme les hommes, le caractère politique et anticolonialiste de leur engagement, comme Claudie Duhamel qui déclare se sentir plus proche d’un révolutionnaire algérien que d’un Français membre de l’OAS.
Si les procès de l’année 1960 mettent en lumière l’engagement de Françaises au sein de réseaux de soutien, le fait n’est pas nouveau. Elles sont en effet nombreuses à s’engager dans les premiers réseaux de la région lyonnaise, ou à agir directement en lien avec les frontistes, comme c’est le cas pour les épouses françaises de militants frontistes. A la différence des membres du réseau Boeglin, ces femmes ont tendance à minorer leurs actions. Les actions qu’elles entreprennent en faveur de l’indépendance sont souvent présentées comme « naturelles » ou allant de soi, notamment parce que certains de ces actes s’inscrivent dans la continuité de leurs tâches domestiques, quotidiennes. Héberger ou nourrir un nationaliste algérien constitue pourtant, au même titre que le transport de fonds ou de documents, une « Atteinte à l’intégrité du territoire national » et passible de plusieurs années de prison. Cependant, ces actions sont présentées en marge de celles accomplies par leurs maris ou compagnons, qu’elles décrivent avec force détails, alors qu’elles présentent leur propre engagement comme un fait anodin.
FLN
Récits en écoute : Georgette Saït – Marie-Thérèse Polette – Nicole Cadieu –Claudie Duhamel
FLN
Bibliographie:
Anne BEAUMANOIR, Le feu de la mémoireLa Résistance, le communisme et l’Algérie,1940/ 1965, Paris, Bouchène, 2009.
Le réseau autour de Jean-Marie Boëglin (fin 1958-début 1959/ novembre 1960)
Le réseau créé par Jean-Marie Boeglin regroupe des personnes d’horizon divers, catholiques encore mais aussi protestant.es, libres-penseurs/ses ou encore quelques communistes. Il prend le relais d’un premier réseau lyonnais démantelé au printemps 1959.
Arrestations en série : novembre 1960
Le réseau Boëglin est démantelé en novembre-décembre 1960. Jean-Louis Augier, Marie-Madeleine Desvignes, Claudie Duhamel, Blaise de Pury, Jean Masson, André Avocat, Jean-Jacques et Nicole Brochier sont arrêtés ainsi que Tahar Temsi, le chef de la Wilaya 3. Jean-Marie Boëglin et France Preiss parviennent à s’enfuir.
Réseau Boëglin
Récits en écoute : Nicole Cadieu – Claudie Duhamel – Jean-Marie Boëglin Blaise De Pury
Boeglin
Bibliographie :

Béatrice DUBELL, Soutiens directs des Lyonnais aux nationalistes algériens : une vue d’ensemble, in Béatrice Dubell, A. Grosjean, M. Thivend (s.d.), Récits d’engagement. Des Lyonnais auprès des Algériens en guerre, Saint-Denis, Bouchène, 2012
Le procès du réseau Boëglin
Ce procès s’ouvre le 6 avril 1961 devant le tribunal militaire de Lyon. Les accusé.es en font une tribune contre le colonialisme, à la suite des membres du réseau parisien Jeanson quelques mois auparavant. Les peines tombent, lourdes pour les Français.es,  Claudie Duhamel, Nicole Cadieu et Jean-Jacques Brochier, pourtant simples agents de liaison sont condamnés à 10 ans de prison pour atteinte à l’intégrité du territoire national, le chef de réseau Jean-Marie Boëglin et France Preiss, en fuite, à la même peine par contumace. Jean-Louis Augier, en fuite lui aussi, à 4 ans de prison. Tahar Temsi, chef de la wilaya 3, est condamné à 8 ans. André Avocat et Marie-Madeleine Desvignes bénéficient d’un sursis pour les deux et trois ans de prison qui leur sont infligés. Seuls Jean Masson et Belkacem Aillane sont acquittés.
Procès du réseau
Récits en écoute : Nicole Cadieu – Claudie Duhamel – Jean-Marie Boëglin
procès boëglin
Bibliographie :

Béatrice DUBELL, Soutiens directs des Lyonnais aux nationalistes algériens : une vue d’ensemble, in Béatrice Dubell, A. Grosjean, M. Thivend (s.d.), Récits d’engagement. Des Lyonnais auprès des Algériens en guerre, Saint-Denis, Bouchène, 2012

Militant.es lyonnais.es en prison
« Cela ne méritait ni l’honneur ni l’indignité », Nicole Cadieu.
Claudie Duhamel, Nicole Cadieu et Jean-Jacques Brochier, condamné.es à 10 ans d’emprisonnement en avril 1961, restent incarcéré.es plusieurs mois après les accords d’Evian, ce malgré les décrets d’amnistie des 20 et 14 mars 1962 qui effacent « les infractions commises avant le 20 mars 1962 en vue de participer ou d’apporter une aide directe ou indirecte à l’insurrection algérienne ». Ils reçoivent de nombreux soutiens dont celui du Secours populaire qui lance une campagne pour leur libération qui rassemble très largement à gauche.
militants
Récits en écoute : Nicole Cadieu – Claudie Duhamel
algériens
Bibliographie :

Béatrice DUBELL, Soutiens directs des Lyonnais aux nationalistes algériens : une vue d’ensemble, in Béatrice Dubell, A. Grosjean, M. Thivend (dir.), Récits d’engagement. Des Lyonnais auprès des Algériens en guerre, Saint-Denis, Bouchène, 2012
Les appelés du contingent
Ce sont plus de 1.300.000 appelés et rappelés qui ont servi en Algérie pour les besoins du « maintien de l’ordre » dans le cadre de leur service militaire au cours de la guerre d’indépendance. La plupart ont été versés dans l’infanterie. L’occupation du terrain réclamant des contingents très nombreux, le maintien sous les drapeaux a été allongé au-delà de la durée légale de 18 mois : jusqu’à 30 mois pour certains. Plus de 25.000 militaires ont trouvé la mort dans ce conflit. S’il y eut des manifestations de protestation au moment des rappels, en 1955-56 ; le nombre d’insoumis, de déserteurs, d’objecteurs de conscience explicitement opposés à la guerre d’Algérie est demeuré extrêmement minoritaire.
Après la guerre, beaucoup d’appelés ont milité dans des associations – la plus connue est la FNACA- pour obtenir un statut et la reconnaissance de l’état de guerre. Ces revendications ont été progressivement satisfaites. Elles ont, entre autres abouti au vote de la loi du 6 décembre 2012 relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. Cette loi mémorielle fait du reste l’objet d’une vive polémique. Elle est contestée comme date de la fin de la guerre par les rapatriés qui rappellent que leur communauté a été victime de massacres après celle-ci.
FNACA
Récits en écoute : André Montagne – Jean Molard – Jean-François Bourcier  – Alain Fau – Louis Rossetti
contingent
Bibliographie : 
Jean-Charles JAUFFRET, Soldats en Algérie, 1954-1962. Expériences contrastées des hommes du contingent, Paris,  Autrement, 2000.
Claire MAUSS-COPEAUX, Appelés en Algérie, la parole confisquée, Paris, Hachette littérature, 1998.
Les camps de regroupement en Algérie
En 1957, les autorités militaires adoptent une stratégie de lutte contre la guérilla qui consiste à priver le FLN du soutien de la population. Pour cela, des zones interdites sont créées où toute personne peut être abattue sans sommation. La population vivant dans ces zones en est chassée et leurs habitations sont détruites. Les habitant.es sont ensuite regroupé.es dans des villages de tentes sous contrôle de l’armée française. Il s’agit donc de déplacement forcé de populations qui dorénavant vivent dans des camps de regroupement loin de leurs terres qu’ils ne peuvent plus cultiver.
Ces camps rassemblent un million de personnes dépendant entièrement de l’administration française. Le ravitaillement est souvent insuffisant et les conditions sanitaires telles que la mortalité infantile est importante.
En 1959, Michel Rocard, stagiaire de l’ENA en Algérie, rédige un rapport sur ces camps de regroupement. La teneur du rapport incite le délégué général en Algérie à donner l’ordre aux militaires de suspendre les regroupements et d’améliorer les conditions de vie dans les camps existants. L’amélioration est lente. En 1959, des articles publiés dans la presse parisienne alertent et scandalisent l’opinion publique.
En 1961, la population totale des « regroupés » s’élève à environ deux millions de personnes, soit un tiers de la population rurale d’Algérie.
camps
Récits en écoute : Alain Fau – Gabriel MifsudSaad Absis
ENA
Bibliographie
Michel ROCARD, Rapport sur les camps de regroupement et autres textes sur la guerre d’Algérie, Paris, Mille et une nuits, 2003.
Michel CORNATON, Les camps de regroupement de la guerre d’Algérie, Paris, L’Harmattan, 1998.
Les frontières enjeux stratégiques de la guerre
Les frontières de l’Algérie avec le Maroc et, surtout, avec la Tunisie, sont  des  enjeux stratégique et politique majeurs. En effet, le FLN est soutenu par la Tunisie de Bourguiba  devenue, progressivement à partir de 1956,  une véritable base  arrière de l’insurrection algérienne. Le FLN  a son siège à Tunis et l’ALN (armée de libération nationale) des camps d’entraînement situés près de la frontière algérienne. L’objectif militaire de l’ALN est de faire entrer le plus possible de forces en Algérie pour soulager les combattants de l’intérieur. A partir de juillet 1957, une ligne de défense armée (la ligne Morice) court le long de la frontière sur 450 km. L’année 1958 verra se dérouler de durs combats.  Les pertes sont très élevées (elles sont estimées à 4000 morts côté ALN et 273 côté français). La frontière est très difficilement franchissable par les combattants algériens. La résistance  intérieure se trouve  ainsi isolée d’autant que le problème est identique sur la frontière marocaine, mais avec une intensité nettement moindre.  La conséquence majeure de cette « bataille des frontières » sera l’affaiblissement  des combattants algériens de  «  l’intérieur » au profit de ceux de « l’extérieur » d’où, à  l’indépendance, un véritable conflit politique et militaire entre «  combattants de l’intérieur » et  « armée de l’extérieur ».  Cette dernière en sortira vainqueur et, de fait, prendra le pouvoir dans une Algérie devenue indépendante.
frontière
Récits en écoute : Alain FauGabriel Mifsud
Les SAS, sections administratives spécialisées
Les Sections administratives spécialisées (SAS) sont  créées en 1957 par le général  Salan. Composées de soldats et d’officiers volontaires, facilement identifiables par leur képi bleu, elles sont présentes autant en milieu urbain que dans les campagnes. Leur mission est  d’aider les populations civiles algériennes en effectuant un travail d’alphabétisation, d’assistance médicale et d’encadrement administratif.  Ces missions  s’intègrent dans une stratégie militaire de contre-propagande et de renseignement qui  vise  à  gagner les populations à la France. Sur le territoire algérien, les actions des SAS et le regroupement des populations, évacuées des « zones interdites » et transférées dans les camps de regroupement, gênent considérablement l’action  du FLN.
SAS
Récit en écoute : Alain FauMonsieur K
SAS
Bibliographie :
Jacques FREMEAUX, « Les SAS (sections administratives spécialisées) », in Guerres mondiales et conflits contemporains 4/2002 (n° 208), p. 55-68.

Les Français d'Algérie
A la veille de la guerre d’indépendance, près d’un million d’Européen.nes vivent en Algérie. Qu’eux-mêmes ou que leurs ancêtres soient venus de France, d’Espagne ou d’Italie, la plupart sont des citoyen.nes français.es. Jusqu’en 1958, ils et elles bénéficient de droits supérieurs à ceux des Français musulmans d’Algérie (FMA). Ils sont en majorité citadins, souvent de condition modeste (employé.es, ouvriers.es, petit.es fonctionnaires). Leurs conditions de vie sont cependant bien plus confortables que celles des colonisé.es. Majoritairement opposé.es à l’idée d’une Algérie indépendante, les Européen.nes d’Algérie se radicalisent au cours du conflit. Nombre d’entre eux accordent un soutien actif ou tacite à l’OAS, créée en 1961. Quand arrive la fin du conflit, les violences à leur encontre redoublent, et ce même après le cessez-le-feu. Ils  et elles gagnent alors massivement la métropole « plus de 600.000 personnes en 1962) et deviennent les rapatrié.es, couramment appelé.es les pieds noirs, rapidement intégré.es dans la société française tout en entretenant, pour beaucoup d’entre eux, la mémoire de leur présence en Algérie.
FMA
Récits en écoute : François C. – Luce Mercier – Annie Munier – Germaine Fabricatore – Joseph Serer – Gabriel Mifsud – Michel Valette
OAS
Bibliographie :
Daniel LEFEUVRE, Les pieds-noirs, in Mohamed Harbi et Benjamin Stora (dir.), La guerre d’Algérie, Paris, Hachette, 2004.
Yann SCIOLDO-ZÜRCHER, Devenir Métropolitain. Politique d’intégration et parcours de rapatriés d’Algérie en métropole (1954-2005), Paris, EHESS, 2010.
L'École en situation coloniale
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, on estime que 92,4%  des jeunes musulman.es sont illettré.es. C’est seulement à partir de 1954 qu’un gros effort est entrepris. Un rapport du Commissariat général au Plan de juillet 1955 évalue à 307 000 le nombre  d’élèves musulmans inscrits dans les écoles du premier degré, soit un taux de scolarisation qui atteint ainsi 15,4% de la population musulmane à la veille de la guerre d’indépendance. Pour ce qui  concerne le lycée, le rapport du Commissariat  général au Plan de 1955 établit qu’un enfant musulman sur 125 fréquente le lycée (un sur  trois pour les européen.nes). A l’université d’Alger, la seule de toute l’Algérie, il n’y avait en 1938-1939  qu’une centaine d’étudiant.es musulman.nes et , en métropole, environ 150. En 1954, malgré de nets progrès, on compte en Algérie 600 étudiant.es musulmans pour environ 5000 étudiant.es.
Les  raisons de ce faible  bilan sont multiples. Il est cependant possible de souligner la contradiction jamais dépassée entre la volonté de scolariser et la peur d’éveiller des consciences susceptibles de remettre en question le système colonial. On peut, de fait,  parler de « minimum éducationnel » dans l’Algérie coloniale.
École situation coloniale
Récits en écoute :  Luce MercierGabriel MifsudMichel Valette
école
Bibliographie:

Frédéric ABECASSIS, Gilles BOYER, Benoit FALAIZE, Gilbert MEYNIER et Michelle ZANCARINI-FOURNEL, La France et l’Algérie : Leçons d’histoire, Lyon, INRP, 2007.
Aïssa KADRI (ed.),  Instituteurs et enseignants en Algérie 1945-1975, Histoire et mémoires, Paris, Kartala, 2014.
Aïssa KADRI, Histoire du système d’enseignement colonial en Algérie, in Frédéric ABECASSIS, Gilles BOYER, Benoit FALAIZE, Gilbert MEYNIER et Michelle ZANCARINI-FOURNEL, La France et l’Algérie : Leçons d’histoire, Lyon, INRP, 2007, p.19-39.

Les harkis
Au départ, le terme désigne les soldats « FMA », Français musulmans d’Algérie, supplétifs de l’armée française intégrés dans une troupe appelée harka. Le terme harki a fini par désigner, dans le langage courant, les Algériens qui ont dû quitter leur pays parce qu’ils s’étaient opposés à la lutte pour l’indépendance menée par le FLN. Les motivations de ces hommes ont été complexes, parfois contradictoires : survie économique, désir de fuir le FLN, conviction politique …A la proclamation de l’indépendance, les harkis et leurs familles sont victimes de la vindicte des membres de l’ALN et de ceux qui veulent démontrer leur adhésion au nouveau régime. Aux massacres s’ajoutent de nombreux enfermements arbitraires sans qu’il soit possible d’en dresser un bilan précis : la question divise les historiens. Comme le gouvernement français s’est opposé à un transfert massif des harkis vers la France, seule une minorité d’entre eux, estimée à 60.000 a pu s’y établir, souvent grâce au soutien de leurs officiers. Nombre d’entre eux ont été regroupés dans des camps, en zone rurale.
harkis
Récit en écoute : Germaine Fabricatore – Saïd MerabtiMohand Harma  – Monsieur KRachid Bensot
harkis
Bibliographie :
« Harkis 1962-2012 : Les mythes et les faits », Les Temps modernes, n° 666, novembre-décembre 2011.
Mohand HAMOUMOU, Jean-Jacques JORDI, Les harkis une mémoire enfouie, Paris, Autrement, 1999.
François-Xavier HAUTREUX, La guerre d’Algérie des Harkis (1954- 1962), Paris, Perrin 2013.
OAS : Organisation Armée Secrète
L’OAS est une organisation clandestine créée en février 1961 par des « ultras » Européens d’Algérie et des officiers déserteurs de l’armée française, opposés à la politique d’autodétermination de l’Algérie et de négociation avec le FLN amorcée par le général de Gaulle en septembre 1959 et déterminés à maintenir une Algérie française coûte que coûte. L’OAS devient véritablement active après l’échec du putsch des généraux, en avril 1961 – le général Salan fait du reste figure de chef de l’organisation jusqu’à son arrestation en avril 1962.
Pour enrayer l’indépendance algérienne, l’OAS se lance dans des actions diverses, le plus souvent violentes, afin de mobiliser les Européen.nes d’Algérie, de fragiliser le pouvoir en place, de lutter contre le FLN et de créer une situation susceptible d’enrayer le processus d’indépendance dans les mois qui précèdent et qui suivent les accords d’Evian, signés entre le gouvernement français et le FLN le 18 mars 1962. Ses membres organisent des manifestations bruyantes, des grèves, des assassinats d’Algériens, qu’ils soient nationalistes ou modérés, de policiers, de militaires et de personnalités fidèles au pouvoir. Ils participent à des attentats aveugles contre la population algérienne ou plus ciblés contre des personnalités ou des lieux symboliques en Algérie et en France métropolitaine…
L’OAS bénéficie d’une popularité certaine auprès des Européen.nes d’Algérie, en particulier dans certains quartiers des grandes villes – Bab el-Oued ou Maison Carrée à Alger – , au point d’y  recruter des membres de ses commandos. En revanche, malgré l’adhésion de quelques personnalités politiques reconnues – Georges Bidault, Jacques Soustelle-, elle fait l’objet d’une très large réprobation en métropole comme le montrent les manifestations de février 1962.
Ereintée par la répression française et par la guerre qui l’oppose au FLN, l’organisation échoue dans ses projets. Les accords d’Evian proclament l e « cessez-le-feu » sans toutefois mettre fin aux violences entre communautés. L’Algérie devient indépendante le 3 juillet 1962. La grande majorité des Français.es d’Algérie, craignant les massacres, part vers la France en quelques mois.
OAS
Récit en écoute : 
François C. – Gabriel Mifsud – Michel Valette – Germaine Fabricatore – Joseph Serer – Annie Munier
OAS
Bibliographie :
Anne-Marie DURANTON-CABROL Le temps de l’OAS, Bruxelles, Editions complexes, 1999.
Olivier DARD, Voyage au coeur de l’OAS, Paris, Perrin, 2006.
Les mémoires en conflit
Les mémoires de la guerre d’indépendance algérienne sont multiples et concurrentes, de fait elles sont le plus souvent conflictuelles. Cela est dû à la particularité du conflit : partie intégrante de la France sous la forme de départements, l’insurrection définie immédiatement comme une guerre par le FLN ne l’est pas pour la métropole. Parler de guerre supposerait en effet la reconnaissance de l’Algérie comme une nation, donc reconnaître une légitimité à l’insurrection. Il est alors impossible de nommer le conflit si ce n’est en évoquant « les évènements d’Algérie ». En réalité il s’agit bien d’une guerre de type colonial mais qui, en l’occurrence, est aussi un double affrontement: Franco-français et Algero-algérien. C’est dire alors l’antagonisme persistant des mémoires des différents acteur.rices de cette guerre.
Ces mémoires sont celle des rapatrié.es d’Algérie et de leurs descendant.es, construite par la nostalgie du pays perdu et par la violence de guerre. C’est aussi celle des appelés contraints de participer à un conflit si particulier, celle des soldats de métiers qui, pour certains, ont connu les combats depuis la Résistance en passant par la guerre d’Indochine. Il y a celle des harkis et de leurs enfants. A cela s’ajoute celle de ceux qui ont vécu le conflit en métropole en tant qu’Algérien.nes, de ceux qui se sont engagé.es par leurs actions ou leurs écrits. Il faut attendre 1999 pour que la France reconnaisse officiellement qu’il s’agissait d’une guerre. Le 22 janvier 2002, le Parlement adopte une loi qui fait de la date du cessez-le-feu du 19 mars 1962 au lendemain des accords d’Evian la date officielle de la fin du conflit. Le 17 septembre 2003, le Président de la République Jacques Chirac décide pourtant que le 5 décembre sera le jour de commémoration de la fin du conflit. Cette date est choisie parce qu’elle correspond à l’inauguration par le Président de la République du mémorial, quai Branly à Paris, consacré aux morts pour la France en AFN, le 5 décembre 2002. Date choisie non pas pour sa signification, elle n’en a pas, mais parce qu’elle permet d’éviter le 19 mars 1962. Ces retournements au gré des différentes majorités politiques (1997, cohabitation entre J. Chirac et L. Jospin, 2002 élections de J. Chirac pour un deuxième mandat) et ce choix final traduisent l’antagonisme aigüe et persistant des mémoires. En effet, des associations d’anciens combattants, d’anciens harkis et de rapatrié.es ont revendiqué l’abandon de la date du 19 mars 1962 en avançant les violences  qui ont persisté après le cessez-le-feu du 19 mars 1962 (morts de la fusillade de la rue d’Isly le 26 mars 1962, enlèvements et morts à Oran en juillet 1962 et massacres des harkis durant l’été 1962). D’autres associations comme la FNACA, majoritaire chez les anciens combattants, militent pour la date du 19 mars. Le dernier épisode en date de ce conflit de mémoires rendant difficile le choix d’une date de commémoration, est celui de Béziers où le maire décide en mars 2015 de débaptiser la rue du 19 mars 1962 dénommée ainsi depuis 36 ans pour lui donner le nom d’un officier ayant participé au putsch d’avril 1961.
mémoire
Récit en écoute : 
Germaine Fabricatore – Louis Rossetti
mémoire
Bibliographie :
Raphaëlle BRANCHE, La guerre d’Algérie : une histoire apaisée ?, Le Seuil, Points, 2005.
Sylvie THÉNAULT, La guerre d’indépendance algérienne. Mémoires françaises  in Historiens et Géographes, n° 425, février 2014, pp. 75-90.
Benjamin STORA, La gangrène et l’oubli, la mémoire de la guerre d’Algérie, Paris, la Découverte, 1998.

L'immigration algérienne après 1962
Si l’immigration algérienne en France est ancienne, elle a connu une accélération pendant la guerre d’indépendance, amplifiée dans la période postérieure au conflit. Les accords d’Evian en 1962 marquent une rupture politique et juridique. Il s’agit dorénavant entre la France et l’Algérie d’une relation d’Etat à Etat ; on ne peut plus parler désormais de « Français musulmans d’Algérie » mais d’immigré.es. De fait, les Algérien.nes résidant en France sont considéré.es juridiquement comme des étranger.es sauf ceux, comme le permettent les accords d’Evian, qui ont choisi de redevenir Français.e. Persiste aussi une spécificité de l’immigration algérienne, en effet, la libre circulation entre les deux rives de la Méditerranée n’est pas remise en cause et, comme le prévoient encore les accords d’Evian, les Algérien.nes conservent un statut spécial plus favorable que les autres nationalités étrangères.
Entre 1962 et 1973, il y a une nette accélération des flux migratoires (2 millions d’Algérien.nes et un million de Français.es d’Algérie). Entre 1962 et 1965, le taux d’immigration est à son plus haut niveau historique (cette réalité s’explique par l’état général de l’Algérie après la guerre). C’est dans cette période (1962-1973) que se développe un racisme anti algérien qui atteint son paroxysme en 1973. De 1962 à 1982, le nombre d’Algérien.nes vivant en France passe de 350 000 à 800 000 personnes. En contre-point, c’est une minorité d’Algérien.nes résidant en France qui décide de retourner en  Algérie désormais indépendante, d’autant que le pouvoir algérien de l’époque demande à la France de continuer à accueillir ses ressortissant.es.
immigration
Récit en écoute : Gabriel Mifsud Saad et Djamila Troudi
immigration
Bibliographie:
Benjamin STORA Ils venaient d’Algérie. L’immigration algérienne en France, 1912-1992, Paris, Fayard, 1992.
Benjamin STORA, Linda AMIRI (dir.) Algériens en France. 1954-1962 : la guerre, l’exil, la vie, Paris, Autrement, 2012

Plan Challe
Du nom du général Challe, nommé commandant en chef en Algérie le 12 décembre 1958 par Charles de Gaulle, ce plan correspond à une nouvelle stratégie militaire qui vise à asphyxier les maquis de l’ALN en même temps qu’est mise en œuvre une politique de pacification. L’idée est de montrer au FLN la supériorité militaire française pour être en position de force lors de négociations.
Dès février 1959, commencent méthodiquement d’Ouest (Oranie) en Est (Constantinois) une série d’opérations militaires dans différents lieux où sont concentrées les principales forces militaires de l’ALN (opérations « Courroie », « Jumelles », « Pierres précieuses »…). De 1959 au mois d’avril 1961, ces opérations qui mobilisent de très importantes forces militaires françaises, appuyées par l ‘aviation (utilisation du napalm), « ratissent » de vastes espaces. Il s’agit d’un véritable rouleau compresseur. Les forces de l’ALN subissent d’importantes pertes, le bilan officiel du plan Challe est de 26 000 « rebelles » tués, 10 800 prisonniers, 20 800 armes récupérées. Les maquis de l’ALN sont exsangues, dans l’incapacité d’être ravitaillés sous l’effet de l’accentuation du transfert des populations civiles dans les camps de regroupement. Isolés, subissant des pertes importantes, les maquis de l’ALN sortent très affaiblis de ces opérations militaires menées dans le cadre du plan Challe. Ce plan, inscrit dans la durée et à l’échelle du territoire algérien, se déroule dans un contexte politique évolutif scandé par exemple par le discours du général Charles de Gaulle du 16 septembre 1959 proposant l’autonomie de l’Algérie. Ces opérations militaires se terminent en avril 1961, date à laquelle, le général Challe, dont le prestige dans l’armée est immense, mènera un putsch, avec les généraux Jouhaud, Salan, Zeller.
Récits en écoute : Sbah Berbaghui
DOP (Détachement opérationnel de protection)
Les DOP forment à partir de 1957 une structure semi-clandestine au sein de l’armée. Leur action s’étend à toute l’Algérie. Leur objectif est de détruire l’« Organisation politico-administrative » (OPA) du FLN. En plus de militaires de carrière et d’appelés, on y trouve des policiers et dans une moindre mesure des gendarmes. Par leurs méthodes, les DOP, à la recherche de renseignements, échappent aux normes et à la légalité. Travaillant à l’abri des regards, dans les centres de triage et de transit où sont rassemblés les captifs algériens, ou dans leurs propres locaux, les DOP intègrent quasi-systématiquement la torture à leurs interrogatoires au nom de l’efficacité. Leur développement se poursuit avec l’assentiment du pouvoir jusqu’en 1960. Ils comptent alors 2500 hommes dans leurs rangs. Leur existence même prouve que la torture est considérée comme un moyen nécessaire par les autorités pour mener la guerre.
Récits en écoute : François Brunet

Bibliographie:
Raphaëlle BRANCHE, « La torture pendant la guerre d’Algérie » in M. HARBI et B. STORA (dir.), La guerre d’Algérie, Robert Laffont, 2004

Les réfractaires
Durant la Guerre d’indépendance algérienne : l’historien Tramor Quémeneur dénombre 12.000 soldats ayant refusé de participer à la guerre d’Algérie, soit 1% de l’effectif total. Parmi ces réfractaires, les insoumis, qui ne répondent pas à leurs convocations, sont les plus nombreux. Déserteurs et objecteurs de conscience – le statut n’est pas encore reconnu par la loi — sont beaucoup plus rares. Le nombre des insoumis évolue de manière irrégulière. Un premier pic est constaté en 1955-56, au moment des rappels, accompagné de manifestations dans de nombreuses villes de France. En 1957-1958, alors que les tortures sont révélées, des refus plus politisés se comptent parmi les soldats de sensibilité communiste ou chrétienne. Les années 1960-1962 sont marquées par une multiplication des insoumissions, encouragées par la « Déclaration du droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie » (plus connue sous le nom de « Manifeste des 121 »), publiée en septembre 1960 dans Vérité-Liberté, signée par des personnalités du monde intellectuel et artistique. A cette époque, des organisations sont capables de rassembler et d’aider les insoumis : c’est le cas de Jeune Résistance, un temps proche du FLN, ou de l’Action Civique Non Violente, davantage dans une logique d’objection de conscience. Cependant, jusqu’à la fin de la guerre, insoumis et déserteurs ont été condamnés à de lourdes peines par les tribunaux militaires. Ils ont dû attendre l’amnistie de 1966 pour que ces condamnations soient effacées de leurs casiers judiciaires.
Récits en écoute : Alain Larchier – Michel Hanniet 
La marche pour l'égalité de 1983
La marche pour l’égalité de 1983 tient une place à part, parmi les moments forts où ces différent.e.s porteur.e.s de mémoires apparaissent et s’expriment publiquement. L’idée de cette marche naît dans la banlieue lyonnaise, à la suite de la grave blessure subie par le jeune président de l’association SOS Avenir Minguettes, Toumi Djaïdja, qui est également un fils de harki.  Elle part de Marseille le 15 octobre 1983. Au départ, les marcheurs et les marcheuses ne sont que quelques-un.e.s. Leur nombre grossit progressivement, la manifestation atteignant plus de 100 000 personnes à Paris, le 3 décembre. Cette manifestation est marquée par sa pluralité : jeunes des anciennes colonies françaises, notamment du Maghreb, mais aussi enfants de harkis et enfants d’immigrés, ou encore jeunes d’origine française depuis plusieurs générations. Elle regroupe également des personnes d’âges différents, hommes comme femmes.
La marche pour l’égalité marque les mémoires des participant.e.s, comme un moment exceptionnel. Plusieurs témoins en parlent notamment comme un moment où enfants de Harkis et de militants pour l’indépendance se reconnaissent mutuellement, à la fois dans un même statut de groupe dominé et victime de racisme, et dans une commune revendication d’égalité et de citoyenneté.
Les organisateur.trice.s ont trouvé dans les réseaux militants lyonnais un terreau favorable, ainsi que  des soutiens actifs comme le prêtre Christian Delorme, et le pasteur Jean Costil de la Cimade.
Récits en écoute :Farid L’HaouaFouzia Meknache
Post-Mémoires
La recherche sur les transmissions de mémoires – tant de manière directe que dans les non-dits – et la manière dont ces mémoires sont ensuite portées par la génération d’après, font suite aux travaux de la chercheuse américaine Marianne Hirsch sur la mémoire du génocide juif, qu’elle a théorisé sous le terme de post-mémoire. Les post-mémoires portées par les descendants directs sont progressivement portées par toute la société. Si le concept concerne au départ le génocide juif, il peut s’appliquer également à d’autres événements historiques : l’esclavage, la colonisation ou encore les dictatures latino-américaines.
Récits en écoute : Said Merabti – Zakia Rézig – Annie Munier – Fouzia Meknache Farid L’Haoua – Rachid Bensot – Zahia Akardjoudje
Hameaux de forestage
Les hameaux de forestage sont créés dès 1962. Ils sont destinés à reclasser les harkis internés dans des camps de regroupement en leur donnant une activité rémunérée tout en les gardant sous contrôle. Cette initiative correspond à une demande de l’ONF (Office National des Forêts) qui jusqu’alors différait de grands travaux d’entretien, faute de main-d’œuvre.
Dès le mois d’août, les premiers hameaux sont construits suivis de très nombreux autres sur l’ensemble du territoire. Leur point commun est d’être isolés des villes et villages existants. Ils sont administrés par d’anciens militaires, en général des anciens des SAS (Section administrative spécialisée). Chaque hameau a son règlement de type militaire ce qui maintient en permanence les harkis dans une situation de subordination. Rémunérés, ils sont logés en général dans des préfabriqués. Ces hameaux vont fermer progressivement à partir de 1966. En 1975, après les révoltes de jeunes issus de familles harkis, la décision est prise de les fermer définitivement mais en 1981, 23 existaient encore.
Bibliographie
Harkis 1962-2012 : Les mythes et les faits, Les Temps modernes, n° 666, novembre-décembre 2011.
HAMOUMOU Mohand, JORDI Jean-Jacques, Les harkis une mémoire enfouie, Paris, Autrement, 1999.
HAUTREUX François-Xavier, La guerre d’Algérie des Harkis (1954-1962), Paris, Perrin, 2013.
CHARBIT Tom, Les Harkis, Éditions La découverte, 2006, Collection « Repères »
Récits en écoute : Monsieur K – Rachid Bensot
Camps de regroupement des harkis en France
Selon les chiffres officiels, entre 1962 et 1964, ce sont 41 000 harkis et leurs familles qui sont « accueillis » en France dans des camps de regroupement. Les premiers camps ouverts en juin 1962 sont ceux du Larzac et de Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme). Ces camps sont fermés en octobre 1962 et leurs populations transférées à Rivesaltes et Saint-Maurice-l’Ardoise. Vont s’ajouter les camps de la Rye et de Bias. Les conditions de vie des familles dans ces camps considérés « comme hébergement temporaire » sont très difficiles : Promiscuité, insalubrité et parfois déséquilibre alimentaire associés à une gestion de type militaire. Tout cela n’est pas sans conséquence sur la santé physique et mentale des familles internées.
Ces camps seront fermés progressivement : Celui de Rivesaltes, au cours de l’année 1964, bien qu’un petit nombre de familles jugées « inaptes au reclassement » y restent puis sont relogées à proximité. Ceux de Bias et Saint-Maurice-l’Ardoise seront en revanche maintenus bien après. En 1975, la situation, vécue par les familles dans ces camps, conduit les plus jeunes à se révolter. C’est seulement en août 1975 qu’est prise la décision de fermer tous les camps cependant le relogement des familles sera bien long. C’est donc de 1962 à 1975 que les harkis et leurs familles connaissent ce qu’il faut bien appeler une situation d’internement dans des camps de regroupement ce qui témoigne d’un transfert des rapports coloniaux en métropole.
Certaines familles sont ensuite conduites vers des hameaux de forestage.
Bibliographie
BESNACI-LANCOU Fatima, MANCERON Gilles. Les harkis dans la colonisation et ses suites, Éditions de l’Atelier, 2008, 224 p.
CHARBIT Tom, Un petit monde colonial en métropole : Le camp de harkis de Saint-Maurice-l’Ardoise (1962-1976), Politix, décembre 2006, vol 19, n°76 pp. 31-52.
Récits en écoute : Saïd MerabtiMohand HarmaMonsieur K –  Rachid Bensot
Soldats algériens dans l'armée française, XIX-XXe siècle
Dès les débuts de la conquête, des Algériens sont intégrés dans l’armée française. En 1912, les musulmans sont soumis à la conscription : 80 000 participent à la Première guerre mondiale, 176 000 à la Seconde et 37 000 tirailleurs algériens participent à la guerre d’Indochine.
Quand la guerre d’Algérie éclate, les appelés algériens sont plutôt envoyés en Allemagne et beaucoup sont exemptés pour raisons médicales tant la France s’en méfie. En règle générale, la carrière militaire des Algériens ne dépasse pas, au mieux, le grade de capitaine. A partir de 1958, les grandes écoles militaires s’ouvrent davantage mais la tendance est plutôt à la désertion pour rejoindre le FLN (les DAF, déserteurs de l’armée française), certains d’entre eux feront une carrière au sommet dans l’armée algérienne, après 1962.
Pendant la guerre d’Algérie, des supplétifs sont recrutés par l’armée française. A la différence des troupes régulières (soldats sous contrat et appelés), ils sont rattachés à des unités sans avoir le statut de militaire. En 1961, on estime à environ 250 000 le nombre de FSNA (selon la terminologie coloniale : Français de souche nord-africaine) dans l’armée française : 65 000 sont appelés ou engagés ; 185 000 sont des supplétifs dont 57 000 harkis,  pour le reste, ils appartiennent aux GMS (groupe mobile de sécurité), aux moghaznis (chargés de la protection des SAS-Section administrative spécialisée), d’autres enfin sont des gardes d’autodéfense. On estime que sur la durée de la guerre 250 000 Algériens auraient été supplétifs. C’est un aspect significatif de la nature de la guerre d’indépendance où l’enjeu du contrôle de la population civile est essentiel d’où l’enrôlement de tant d’Algériens.
Le terme harki est devenu générique pour désigner tous « les Français de souche nord- africaine » ayant servi la France avant et pendant la guerre d’indépendance.
Harki est l’exemple même du mot qui échappe à sa définition précise pour prendre, par le jeu mouvant des configurations politiques et mémorielles, d’autres significations. Il est donc important de ramener le mot à son sens premier, pour mesurer l’ampleur du drame, dans le contexte très particulier de la longue colonisation de l’Algérie et de la guerre par laquelle elle prend fin.
Bibliographie
Gilbert MEYNIER L’Algérie révélée. La guerre de 1914-1918 et le premier quart du xxe siècle , préface de Pierre Vidal-Naquet, postface de André Nouschi, éditions Bouchène.
Récit en écoute : Zahia Akardjoudje
Juifs et Juives en Algérie
La présence des juifs en Algérie est bimillénaire, leur présence y est attestée dès la période romaine et probablement avant. A la fin du VIIe siècle, la conquête arabe du territoire leur donne le statut de dhimmi (statut discriminatoire conféré à des juifs ou des chrétiens dans un État musulman en échange d’une protection) qui sera aboli dès la conquête française en 1830. D’autres juifs arrivent au XVe siècle chassés d’Espagne par la reconquête catholique. En 1870, le décret Crémieux leur permet de devenir Français. Il s’agit d’une communauté essentiellement urbaine. En 1954, ils sont Français depuis trois générations. Leur assimilation républicaine est bien réelle même s’ils sont marqués par l’abolition du décret Crémieux en octobre 1940 (rétabli relativement tardivement en 1943).
Au début de la guerre d’indépendance, les organisations communautaires font preuve de prudence. Elles refusent de prendre parti, comme par exemple en 1956 lorsque le FLN lance un « appel aux juifs ». Cependant, certains rejoignent le combat des indépendantistes : Henri Alleg et Daniel Timsit sont parmi les plus connus. D’autres rejoignent l’OAS. A l’été 1962, la très grande majorité des juifs d’Algérie (120 000) choisit de s’exiler en France. Environ 10 000 restent en Algérie, les derniers quittent le pays dans les années 1990 ; aujourd’hui, ils ne sont plus qu’environ trois cents. Cela signifie la fin de tout un pan de l’histoire de l’Algérie commencée bien avant la conquête arabe.
Bibliographie
Lucette Valensi, Juifs et musulmans en Algérie, Paris, Tallandier, 2006.
Benjamin Stora, Les trois exils juifs d’Algérie, Paris, Stock, 2006.
Sous la direction d’Antoine Germa, Benjamin Lellouch et Evelyne Patlagean, Les juifs dans l’Histoire, Editions Champ Vallon, 2011.
Pierre-Jean Le Foll-Luciani, Les juifs algériens dans la lutte anticoloniale. Trajectoires dissidentes (1934-1965), Presses universitaires de Rennes, 2015.
Récit en écoute : Simon Bitoun  – Josette Saïd